Manche et Angleterre

Dates : 10 juillet – 12 octobre 1940.

 

Winston Churchill, le 18 juin 1940

La bataille de France est terminée. Je crois que la bataille d’Angleterre est sur le point de commencer. La survie de la civilisation chrétienne dépend de l’issue de cette bataille. Notre manière de vivre britannique, de même que le maintien de nos institutions et de notre Empire reposent sur cette civilisation. L’ennemi sera bientôt forcé de lancer contre nous toute sa furie et sa puissance. Hitler sait qu’il devra nous anéantir sur notre île s’il veut remporter la victoire. Nous devons par conséquent rassembler nos forces et accomplir notre devoir, nous comporter de telle manière que si l’Empire britannique et son Commonwealth existent toujours dans mille ans, les hommes pourront dire : « Ce fut leur heure de gloire».

 

Winston Churchill

Winston Churchill

En juillet 1940, la machine de guerre allemande avait eu raison de la France et atteignait les rives de la Manche. L’Angleterre se savait la prochaine cible de l’envahisseur. L’armée de terre allemande et la Luftwaffe n’avaient fait qu’une bouchée de la Pologne avant de concentrer leur attention sur le nord et l’ouest. La campagne menée par les Britanniques en Norvège avait pris fin honteusement, tandis que leur Force expéditionnaire avait essuyé une cuisante défaite en France. Étant parvenus à faire sortir de Dunkerque plus de 335 000 soldats britanniques et français, l’Angleterre avait pu cacher le cinglant revers qu’elle semblait avoir essuyé en luttant contre la Blitzkrieg. Les Allemands semblaient alors invincibles.

Avec les Allemands dangereusement proches, toute l’Angleterre fondait ses espoirs dans la Royal Air Force. Les Anglais et les Allemands étaient conscients que pour envahir l’Angleterre, l’Allemagne devrait d’abord éliminer la RAF. La Luftwaffe avait donc commencé à chercher des points faibles en attaquant des cibles dans le sud de l’Angleterre et des navires. Puis, elle jeta son dévolu sur les terrains d’aviation et les stations radar de la RAF.

 

DCA britannique

DCA britannique

 

Cette dernière, qui s’était déjà affaiblie en envoyant des escadrons en France, subissait de lourdes pertes au cours des attaques lancées quotidiennement contre ses terrains d’aviation. Malgré de vaillants combats, les pertes en hommes et en aéronefs augmentaient, approchant d’un niveau critique. C’est alors que le sauvetage vint d’une source inattendue. En effet, un avion allemand bombarda Londres accidentellement, ce qui amena la RAF à répliquer en attaquant Berlin. Outré, Hitler ordonna à la Luftwaffe de mettre Londres à feu et à sang.

Comme la Luftwaffe concentrait son attention sur Londres et d’autres villes britanniques, la RAF pouvait poursuivre le combat grâce à ce répit inespéré. L’élimination de l’industrie de guerre de l’Angleterre, qui se trouvait alors en pleine expansion, aurait pu donner un coup terrible au dernier représentant de la démocratie en Europe. Jour après jour, la Luftwaffe bombardait les quais, les usines et les infrastructures du dernier bastion de l’Europe libre. Chaque jour, la RAF relevait vaillamment le défi. Comme la RAF se défendait vigoureusement pendant le jour, la Luftwaffe se trouvait forcée d’attaquer la nuit. Hitler décida de reporter l’invasion de l’Angleterre au printemps 1941 afin de préparer son attaque sur l’URSS. Si bien qu’à la fin du mois d’octobre, les attaques sur l’Angleterre se firent beaucoup moins nombreuses. L’armée allemande venait ainsi de perdre sa dernière chance d’envahir l’Angleterre.

 

Affiche alliée incitant à s'engager dans la RAF

Affiche alliée incitant à s’engager dans la RAF

Les aviateurs canadiens ont eu un rôle à jouer dans la bataille d’Angleterre. En effet, plus de 100 pilotes canadiens ont pris part aux opérations aériennes menées pendant la bataille d’Angleterre. Deux cents autres ont combattu au sein des Bomber et Coastal Commands de la RAF. Un nombre inconnu de soldats ont servi à titre d’équipage au sol, chargé de maintenir les chasseurs, les bombardiers et les avions de patrouille en état de voler.

 

Escadrille de Hurricanes

Escadrille de Hurricanes

Ces Canadiens se sont distingués, non seulement au cours de la bataille d’Angleterre, mais aussi lors des batailles qui suivirent. Ils n’étaient cependant pas seuls. Les pilotes britanniques et canadiens ont en effet aussi combattu aux côtés de pilotes australiens, néo-zélandais et sud-africains, de Tchèques, de Français et de Polonais ainsi que d’Américains. C’était une opération internationale visant à défendre la démocratie. Peu d’entre eux se rendaient réellement compte à l’époque de l’importance de leurs actions.

 

Messerschmitt Bf-109 D

Messerschmitt Bf-109 D

La bataille d’Angleterre représente davantage que des avions descendus et des médailles. C’était la première fois que la puissance aérienne permettait de sauver un pays. En plus de donner lieu à une victoire militaire, la bataille d’Angleterre a permis à une sombre nation de croire en l’avenir. Au Canada, le leadership de ces aviateurs expérimentés devait contribuer à la création de l’Aviation royale du Canada. En outre, c’est au cours de la bataille d’Angleterre que les aviateurs canadiens ont mené pour la première fois des opérations de vol au sein d’unités entièrement canadiennes pendant un combat soutenu.

Source : http://www.airforce.forces.ca/