France

Dates : 13 – 15 mai 1940.

 

La « Trouée de Sedan » : ainsi fut nommée la percée que les Allemands effectuèrent le 13 mai 1940, percée qui fut décisive pour la campagne française. Le plan Manstein fut, pour ce faire, appliqué à la lettre. Par cette trouée, l’avancée allemande vers l’ouest se confirmait dangereusement.

La Wehrmacht était divisée en trois sections : deux au nord (le groupe de von Bock et le 16e corps blindé de Hoeppner). Au sud, sur les rives du Rhin, le groupe de von Leeb.

Pour sa part, le nord-est de l’Hexagone était placé sous le commandement du général Georges. Le général Billotte, quant à lui, supervisait la VIIe armée française ainsi que le corps expéditionnaire britannique. Longeant la ligne Maginot, les généraux Pretelat et Besson tenaient leurs hommes en alerte pour, notamment, préserver la trouée de Belfort et le Haut-Rhin.

Hitler était parfaitement conscient de la situation : bien qu’arrêtés depuis plusieurs mois, les Alliés n’avaient pas dit leur dernier mot. Il envisagea alors une offensive, pour laquelle, d’ailleurs, ses généraux émirent un avis très défavorable. L’objectif principal visait Anvers avec, pour mission essentielle, la désorganisation des communications ennemies, ce qui ne pouvait qu’atteindre le moral des troupes et appauvrir leur approvisionnement. Le plan Dyle-Breda, conçu par le général Gamelin, fut appliqué le 10 mai par les Franco-britanniques.

Les collines boisées des Ardennes résonnèrent, ce jour là, du bruit que firent les divisions de von Rundstedt, précédées des Panzers de von Kleist, lorsque ces armées les traversèrent pour se diriger vers la Meuse.

Une première étape du plan Manstein fut lancée sous le nom de « Opération Sichelschnitt ». Nom qui, en temps de paix, aurait eu une consonance bucolique de par sa traduction : « Coup de faux ». Pour l’heure, entre Dinant et Sedan le général Reinhardt et ses blindés avançaient à grands pas vers Monthermé, au centre, tandis qu’au sud, ce sont le général Guderian et ses Panzers qui se pressaient vers la Meuse.

Deux jours durant, l’armée hollandaise fut écrasée par von Bock, ce qui mit l’armée française en déroute, l’obligeant à un repli vers l’estuaire de l’Escaut. La Meuse et le Canal Albert furent franchis, imposant de ce fait un recul à l’armée belge vers Anvers.

Les Britanniques firent barrage entre Louvain et Wavre et les Français les imitèrent dans la « Trouée de Gambloux ». Les abords de la Meuse virent malgré tout les formations blindées arriver le 12 mai 1940. L’après-midi même, Sedan recevait la « visite » de la 1ère Panzer. Enfin, au crépuscule de ce jour sombre, la quasi totalité du corps de Guderian atteignait le fleuve par la rive Est. Simultanément, un bataillon motocycliste franchissait un barrage non défendu près de Dinant.

Le 13 mai, les Panzers se dirigèrent à l’est et à l’ouest de Sedan, tandis qu’un premier assaut était donné par le général Kirchner dans un rayon de 2 km autour de la Meuse.

Plusieurs heures durant, les batteries françaises essuyèrent les tirs des bombardiers Dornier et autres Stukas. Après cette attaque, les canons de la Meuse avaient tous rendu l’âme.

Les fantassins allemands progressèrent vers le sud et prirent possession du bois de Marphée. Leurs homologues français, quant à eux, étaient vaincus par la 10e Panzer à l’est ; à Dinant, Rommel faisait une entrée remarquée alors que les blindés de Reinhardt se voyaient bloqués par l’Infanterie de Marine française.

À l’ouest, les Sedanais assistaient à un coucher de soleil sur une tête de pont qu’ils auraient préféré ne jamais voir, peu de temps avant que la Meuse fut franchie par les chars de Guderian, via le pont bâti par leurs soins à Glaire.

Le 14 mai, la situation périlleuse força les Français à répliquer en repoussant les Allemands avant qu’ils n’aient tous traversé la Meuse. Malgré les efforts déployés, la 1ère DCR ne put freiner l’avancée allemande sur la rive ouest en raison, notamment, des encombrements routiers générés par le flux des réfugiés.

Il ne fallut que 5 jours à la Wehrmacht pour mettre à mal le pont français, isoler le corps expéditionnaire britannique en Belgique et encercler les meilleures armées françaises. L’arrière des armées alliées ne pouvaient que constater leur échec : une brèche de 100 km avait été ouverte.

Cette bataille, qu’on appelle désormais « La bataille de France », fit en 45 jours autant de victimes que pendant les six premiers mois de la Première Guerre mondiale.