Corse

Dates : 9 septembre – 4 octobre 1943.

Le 4 décembre 1938 à Bastia, en réponse aux revendications mussoliniennes : « Corsica, Savoia, Tunisia a noi ! « , des milliers de Corses prêtent serment devant le monument aux morts : « Face au monde, de toute notre âme, sur nos gloires, sur nos tombes, sur nos berceaux, nous jurons de vivre et de mourir Français ».

Le 8 novembre 1942, les Alliés passent à l’offensive et débarquent en Afrique du Nord (opération Torch). Hitler envahit la zone libre (opération Attila). 80 000 Italiens occupent la Corse le 11 novembre, auxquels viendront s’ajouter, à partir de juin 1943, 14 000 Allemands de la brigade SS Reichsführer, soit presque un occupant pour deux autochtones, l’île comptant environ 200 000 habitants. Novembre 1942 apporte un changement décisif en Méditerranée. Sans doute, l’Allemagne n’a-t-elle aucune prétention territoriale sur les îles de la Méditerranée occidentale ; mais Corse, Sicile et Sardaigne sont devenues à partir de novembre des postes stratégiques à conserver. De plus l’Allemagne craint que la population corse ne souhaite et ne favorise le cas échéant un débarquement anglo-américain.

Dès le mois de décembre 1942, le général Giraud, co-président du Comité Français de Libération Nationale (CFLN) avec le général de Gaulle, envoie en Corse, à bord du sous-marin Casabianca, la mission Pearl Harbor en vue de constituer des réseaux de résistance.

Fred Scamaroni, qui a créé le réseau gaulliste Action R2 corse en 1941, est mandaté par le général de Gaulle en janvier 1943 pour tenter l’unification de la Résistance ; bien engagée, celle-ci ne peut aboutir, car Scamaroni arrêté par l’OVRA (police politique italienne), torturé, se donne la mort pour ne pas parler le 19 mars 1943 à Ajaccio. Son réseau est alors démantelé.

 

Carte des opérations en Corse

Carte des opérations en Corse

Le général Giraud envoie, le 4 avril 1943, Paul Colonna d’Istria pour tenter de « fédérer tous les éléments de la Résistance […], rechercher les terrains de parachutage, définir les objectifs militaires dont l’attaque simultanée au jour « J » doit paralyser la défense et permettre le débarquement d’un corps expéditionnaire que l’État-major du commandant en chef prépare secrètement à Alger ». Son action contribuera de manière décisive à conduire les résistants, en liaison avec l’armée française, à la victoire finale.

Entre-temps, le sous-marin Casabianca, au cours de plusieurs missions, débarque agents, armes et munitions pour armer la Résistance insulaire. Rescapé du sabordage de la flotte à Toulon, ce bâtiment aura hautement symbolisé le lien entre Alger, la Résistance et l’armée française.

 

L'insurrection à Ajaccio le 9 septembre

L’insurrection à Ajaccio le 9 septembre

Au cours du mois de juin, l’OVRA arrête de nombreux patriotes. Certains sont exécutés (Pierre Griffi, Jean Nicoli, Michel Bozzi), d’autres déportés en Italie.

Le 10 juillet 1943, les Alliés débarquent en Sicile (opération Husky). Mussolini est destitué. En août 1943, la dégradation de la situation militaire des forces de l’Axe en Italie amène les Allemands à envisager une nouvelle stratégie. Le plan allemand prévoit d’abandonner la Sardaigne et de concentrer les troupes allemandes sur la Corse et sur l’île d’Elbe, pour protéger les positions acquises en Italie du Nord et du Centre. La brigade SS est donc renforcée, alors que la 90e division Panzergrenadier se prépare à passer de Sardaigne en Corse.

Le 3 septembre, l’Italie signe secrètement un armistice avec les Alliés. Celui-ci, proclamé le 8, stipule que la Corse doit être « restituée aux Alliés » (sic). Le 9, les Alliés débarquent à Salerne, au sud de Naples.

 

Patriotes corses combattant dans le maquis

Patriotes corses combattant dans le maquis

Les combats de la libération.

L’armistice italien du 8 septembre : l’insurrection en Corse et les nouveaux rapports germano-italiens

Dès le 4 septembre, la Résistance corse est mise en alerte par un message radio qui lui apprend l’imminence d’un débarquement.

Le soir du 8, le général Magli reçoit deux ultimatums : l’un du commandement allemand qui exige le désarmement des forces italiennes, l’autre de Paul Colonna d’Istria qui réclame une prise de position sans équivoque pour ou contre la Résistance corse. Le premier est rejeté, le second accepté avec des réticences qui expliquent que les troupes italiennes ne sont vraiment engagées contre les Allemands qu’une quinzaine de jours plus tard. La situation est extrêmement confuse. La réponse positive du général Magli à Colonna d’Istria ne règle pas tout ; tous, dans l’armée italienne, ne reconnaissent pas l’autorité du maréchal Badoglio, le chef du gouvernement italien. La tension avec les Allemands augmente : dès le lendemain, aux premières heures, des incidents graves se produisent dans le port de Bastia.

Gotuniers et soldats italiens, septembre 1943

Gotuniers et soldats italiens, septembre 1943

La défense anti-aérienne italienne tire sur des appareils allemands, un navire italien qui appareille est attaqué et incendié par les Allemands. À l’aube du 9 septembre, plusieurs navires allemands sont endommagés par les batteries italiennes et les prisonniers placés sous contrôle des autorités militaires italiennes. Ce même jour, dans la ville, patriotes et soldats italiens s’emparent de la citadelle, de la gare et des principales voies de communication ; le local de la Légion des combattants devient une permanence des résistants du Front national.

D’autres cas de coopération immédiate entre Italiens et résistants corses sont signalés (à Sartène notamment).

Ajaccio se soulève le 9 septembre. Des Allemands stationnés à la Parata sont stoppés à l’entrée de la ville, le 10 septembre, par un groupe de résistants. Ils se replient par mer, leur infériorité numérique rendant très aléatoire toute tentative d’utilisation du réseau routier. Ainsi, le port d’Ajaccio demeure libre et disponible pour le débarquement de forces amies.

Le 12 septembre, modifiant les plans de l’état-major, Hitler ordonne l’évacuation des deux grandes îles, Sardaigne et Corse, mais non sans prévoir une période transitoire qui doit permettre le regroupement des forces allemandes et l’évacuation des stocks. Ce plan exige la reprise du contrôle des axes routiers de la Corse.

 

Le Casabianca assure le transport d'armes et de munitions aux résistants corses

Le Casabianca assure le transport d’armes et de munitions aux résistants corses

C’est mal connaître la géographie de l’île et le rapport des forces. Le général von Senger tente effectivement des percées vers l’ouest de l’île, mais il prend rapidement la mesure de la détermination des partisans et refuse de s’engager dans une guérilla meurtrière et incertaine.

À partir du 17 septembre, pour assurer l’évacuation des unités dont le sort lui est confié, il concentre son action sur la voie routière de la côte orientale et sur le port de Bastia : outre la brigade Reichsführer, il faut faire passer la 90e division panzer, arrivée de Sardaigne, soit 32 000 hommes avec du matériel lourd (chars, pièces d’artillerie, matériel et véhicules divers) ; un bataillon de parachutistes italiens suit les Allemands dans leur retraite. Tous doivent aller combattre en Italie après avoir quitté la Corse

L’aide d’Alger après l’insurrection du 9 septembre

L’insurrection ordonnée par le Front national, au sein duquel tous les mouvements de. résistance se sont réunis grâce à l‘action de Paul Colonna d’Istria, n’est pas une action irréfléchie. Elle découle d’un examen logique de la situation : sans doute les Italiens sont-ils prêts, pour la plupart, à la capitulation, mais sur bien des terrains d’Europe ou d’Afrique, de rapides et brutales interventions allemandes ont, suivi de près l’abandon de positions italiennes.

 

Bombardement allié à Ploesti

1er bataillon de choc (formé à Alger) près d’Ajaccio

En Corse, à trop tarder, le risque est une mainmise allemande sur l’île. Les patriotes ont la conviction qu’ils vont se trouver devant des adversaires disciplinés et bien entraînés.

Le 8 septembre, Giovoni (cadre du Front national) rencontre à Alger le général Giraud qui lui promet de 1’aide, mais ne prévient pas 1e général de Gaulle. Le soir même, dans l’île, l’insurrection est déclenchée, ce qui prend de court les autorités d’Alger.

Le général Giraud, conscient du danger encouru par les résistants, prend la décision, « audacieuse et risquée » selon le général de Gaulle, d’envoyer le 1er corps d’armée du général Henri Martin pour aider la Résistance.

Mais les problèmes logistiques sont énormes. Le commandement interallié ne peut modifier sa stratégie générale en engageant en Corse, dans une opération amphibie à longue distance, une partie des moyens prévus pour Salerne.

Du moins les Français peuvent-ils utiliser deux sous-marins : le Casabianca et l’Arétharse, ainsi que deux contre-torpilleurs et deux torpilleurs. Le port d’Ajaccio est libre, ainsi que le terrain de Campo dell’Oro, qui subit cependant, le 12 septembre, une attaque aérienne allemande, mais où peut atterrir une escadrille d’aviation de chasse alliée.

Les premiers à débarquer sont les hommes du 1er bataillon de choc créé par le général Giraud en avril 1943. Ils font la traversée, entassés, dans le Casabianca. Placés sous les ordres du commandant Gambiez, ils sont particulièrement bien entraînés au type de combat qui les attend dans l’île. Du 14 au 17 septembre, ils attendent leur ordre de marche et sont rejoints à Ajaccio par le 1er régiment de tirailleurs marocains, par des spahis, des goumiers et des éléments de l’artillerie et du génie. Au total 6 000 hommes, 400 tonnes d’armes, des jeeps, des pièces antiaériennes, du carburant et des vivres, sont débarqués en dix jours. Ajaccio joue donc le rôle d’une tête de pont. Les troupes venues d’Algérie viennent appuyer les patriotes qui ont commencé seuls à défendre les passages entre les deux versants de l’île.

Il s’avère déjà impossible pour les Allemands de songer (du moins sans renfort) à une occupation totale de la Corse. Le 11 septembre, les autorités italiennes ont reçu l’ordre de traiter les Allemands en ennemis.

Le général Henri Martin a pris contact avec le général Magli dès son arrivée, le 17 septembre ; chargé de la coordination des troupes débarquées, il souhaite définir les conditions d’une coopération franco-italienne. L’accord finalement conclu le 21 septembre prévoit une action commune dans le sud de l’île et une attaque convergente sur Bastia : la division « Cremona » doit, en effet, participer aux combats de Porto-Vecchio, Sotta et Bonifacio des 23 et 24 septembre et la division « Friulï » à ceux du col de Teghime à la fin du même mois.

Le 21 septembre le général Giraud vient à son tour veiller aux opérations sur le terrain et rencontrer le général Magli ; les Italiens combattent officiellement aux côtés des forces françaises et leur assurent un important soutien.

L’opération d’intervention dite « Vésuve » décidée en hâte à Alger est donc bien engagée et la coopération entre des éléments aussi hétérogènes que les partisans corses, les troupes de l’armée d’Afrique et les troupes italiennes s’opère de façon satisfaisante, circonstance assez inespérée.

Les patriotes corses dans les combats de libération

La période des combats n’est pas vécue partout de la même façon. À Ajaccio, préfecture de 1a Corse, la libération est acquise dès le 9 septembre. La population assiste aux débarquements de troupes et exprime librement sa joie. La veille, les locaux de la milice, du Parti populaire français et des journaux collaborateurs ont été investis et mis à sac. Le Patriote (journal du Front national), sorti de la clandestinité, paraît sur les presses de la Jeune Corse. On chante la Marseillaise dans les rues.

À Sartène, le soulèvement populaire se heurte à l’intervention allemande visant Place Porta et la population.

À Bastia, on se bat en ville et surtout au port, entre Italiens et Allemands. Le 14 septembre, les Allemands qui ont repris le contrôle de la situation, menacent la ville de destruction et interdisent à la population de sortir, si ce n’est entre 11 et 12 heures. Les patriotes qui, croyant leur ville libérée, ont occupé la mairie et la sous-préfecture, retournent à la clandestinité après l’intervention d’une colonne allemande venue de Casamozza et une attaque de stukas.

À Ajaccio, où les conditions sont meilleures, de rapides changements administratifs sont opérés : les cadres de Vichy renoncent, sans résistance, à leurs pouvoirs.

Le 9 septembre, une nouvelle municipalité présidée par E. Macchini, est installée et le Front national place un « Conseil de préfecture » auprès du préfet Pelletier qui s’efface d’ailleurs complètement. Ce conseil prend les premières mesures de dissolution des partis et mouvements collaborationnistes. Des consignes adressées à tous les comités d’arrondissement du Front national prévoient la prise de contrôle des mairies et- déjà – un début d’épuration.

Très inégalement armés, souvent peu expérimentés car s’ils sont plus de 10 000 en septembre, la plupart n’a pas subi de préparation militaire sérieuse, les patriotes combattent sans aide pendant les huit ou dix premiers jours. Durant cette période, les Allemands cherchent encore à s’ouvrir les passages vers l’ouest dans les régions de l’Ospedale, de Ghisoni, Barchetta et Folelli. Dans le sud, il faut compter avec la brigade SS Reichsführer cantonnée à Sartène.

Les Allemands veulent sauver leurs dépôts de matériel et de carburant, comme celui de Quenza attaqué le 15 septembre par le Frnt national et les hommes du commandant Pietri : en s’assurant le contrôle des voies de communication les résistants empêchent la jonction des troupes allemandes de Porto-Vecchio avec celles de Quenza et de Sartène. La zone de Levie est devenue un verrou. Le 17, une compagnie du bataillon de choc est déterminante dans l’appui de la Résistance : malgré une intervention de leur aviation, les Allemands y sont vaincus. Le général von Senger, convaincu du coût excessif de toute action vers l’ouest, se consacre par la suite à l’évacuation de ses forces vers Bastia.

C’est donc la seconde phase des combats qui commence : dès le 1er, sur la route de Bonifacio à Porto-Vecchio, puis le 22 dans la zone de Conca, les fauteurs qui dominent la route servent de bases pour les attaques ; mais la 90e division allemande est une division blindée, elle peut subir des pertes, être freinée, mais non stoppée.

Les groupe de maquisards sont appelés au combat au fur et à mesure de la lente progression allemande vers le nord. Ceux de Vezzani et de Prunelli di Fiumorbo agissent les 23 et 24 septembre. Les Allemands perdent le contrôle des aérodromes de Ghisonaccia et de Borgo qu’ils utilisaient pour leur évacuation et les opérations aériennes de soutien. À la fin de septembre, des combats se déroulent en Casinca. Le bataillon de choc trouve, parmi les patriotes, les guides qui lui sont d’autant plus indispensables qu’il ne possède pas les cartes d’état-major de la région. Qui plus est, une compagnie formée de volontaires recrutés sur place a pu être constituée. La population nourrit et renseigne les combattants, mais les blessés pâtissent du manque de soins : aucun service médical ne suit la progression des troupes dans cette zone.

À la fin de septembre et pendant les trois premiers jours d’octobre, les Allemands ne cherchent plus qu’à protéger leur retraite, se repliant sur le port de Bastia. Leur artillerie en retarde l’accès. Les patriotes et les « troupes de chocs » y arrivent par le sud tandis que tabors, spahis et troupes italiennes progressent par l’ouest, avec les résistants du Contenais et de la Balagne. Dans ces combats, les Marocains jouent un rôle déterminant : le col de San Stefano est enlevé le 30 septembre, le col de Teghime le 3 octobre. Le bataillon de choc prend le contrôle du Cap Corse, non sans un accrochage avec les Allemands à Pietracorbara.

Le 4 octobre, Bastia est libre, mais dévasté par les combats et les bombardements américains.

La 90e Panzergrenadier division quitte l’île, affaiblie par la destruction d’une centaine de chars, de 600 pièces d’artillerie et de 5 000 véhicules divers. De ce fait, le maréchal Kesselring reconnaît lui-même qu’il ne peut empêcher le débarquement du général Clarke à Salerne. Des patriotes sont tués au combat aux côtés des militaires français et italiens tandis que d’autres, surpris armés par les Allemands, sont immédiatement fusillés : on compte au moins 25 exécutions sommaires. Au total, l’estimation des victimes de ces combats s’établit ainsi : les troupes allemandes perdent environ 1 600 hommes dont 1 000 tués et 400 prisonniers ; les Italiens dénombrent 637 tués et 557 blessés ; du côté français, la Résistance enregistre dans ses rangs 170 tués et environ 3130 blessés ; les troupes régulières enregistrent 75 tués (dont l’aspirant Michelin, premier officier français tombé sur le sol national) et 239 blessés.

Quant aux dégâts matériels, ils sont considérables sur les lieux des combats : de nombreux ponts ont sauté, des maisons sont détruites, Bastia subit cinq bombardements alliés entre le 13 septembre et le 4 octobre, ainsi que des tirs d’artillerie. Les quartiers du port, de la gare et le cimetière lui-même sont ravagés, la ligne de chemin de fer de la côte orientale est inutilisable.

Au cours de sa visite en Corse, du 8 au 10 octobre, le général de Gaulle salue les efforts et les sacrifices consentis. Ses discours témoignent d’une émotion sincère. Quant aux Corses, ils acclament le co-président du CFLN. L’île, coupée de la France continentale, dépend désormais d’Alger. Pour ses habitants, la Libération ne signifie pas la paix, mais bien au contraire la reprise de la guerre au côté des Alliés. À cet égard aussi, la situation de ce département français est unique : pendant l’année 1944, 12 000 Corses de 20 à 28 ans sont mobilisés. De plus, la région est utilisée comme base aéronavale pour le contrôle des liaisons maritimes, comme base d’attaque contre l’Italie du Centre et du Nord, encore tenue par les Allemands, et comme base de départ en août 1944 pour le débarquement en Provence.

Le 6 juin 1944, les Alliés débarquent en Normandie. Après la Corse, le Calvados sera le deuxième département français libéré. Les FFI de Caen prendront le nom de Fred Scamaroni, héros et martyr de la Résistance corse; le 8 juillet 1944, les hommes de la compagnie Scamaroni hisseront les trois couleurs devant l’Abbaye aux Hommes de Caen.

La Corse tient une place importante dans l’histoire de 1a Résistance et de la Libération. C’est le premier territoire libéré, par ses habitants et par des soldats français, sans intervention de forces anglo-américaines.

Les combattants et l’espace stratégique ainsi offerts aux Alliés par la Résistance corse sont venus à point, dans une période décisive de la guerre en Méditerranée, pour contribuer au recul des Nazis en Italie et dans la France méridionale.

 

Source : http://www.corse.pref.gouv.fr/