France, 1935

Cuirassés rapides

Ces grands navires furent les premiers cuirassés rapides Français. Autorisée à l’issue du traité de désarmement de Washington à construire 175 000 tonnes de navires de ligne, avec un déplacement standard maximal de 35 000 tonnes, comme les autres marines, la France considéra plusieurs solution avant d’adopter celle pressentie pour le plan naval de 1917-1920, qui à côté des cuirassés classe Lyon et Normandie spécifiait la construction de plusieurs croiseurs de bataille. Avec deux bâtiments inférieurs à cette limite de 35 000 tonnes (30 000 tonnes standard) on pouvait conserver le tonnage restant pour construire deux cuirassés ultérieurs mieux protégés et plus puissants. On recourut aussi à la solution des tourelles quadruples, qui offrait l’avantage d’économiser un poids de blindage considérable et de simplifier la protection sur les points névralgiques. Enfin, cette artillerie principale était groupée à l’avant, à l’instar des Nelson Britanniques, plus vieux de quelques années. Elles étaient espacées afin qu’un tir adverse ou une torpille au but ne les condamne pas toutes les deux en même temps. Leur artillerie secondaire était groupée en tourelles triples (trois à l’arrière) et doubles (deux sur les flancs). Ces derniers étaient à tir semi-rapide, aptes en théorie à la DCA.

 

Le Strasbourg en novembre 1942

Le Strasbourg en novembre 1942

Les Dunkerque furent aussi conçus pour répondre aux Deutschland Allemands, qui eux étaient mal protégés pour ne pas dépasser 10 000 tonnes tout en alignant 6 pièces de 280 mm. Avec deux pièces supplémentaires et un calibre de 330 mm, les Dunkerque étaient nettement plus puissants. Leur vitesse de 30 nœuds (31 aux essais) était également supérieure aux navires Allemands et leur protection allant de 335 mm (Tourelles) à 260 mm (Ceinture) également bien meilleure. Ce blindage était toutefois un peu léger et réparti d’une manière à privilégier les calibres inférieurs au 300 mm. De fait, ils furent à leur lancement qualifiés de croiseurs de bataille. Par contre les registres officiels de 1939 les rangeaient dans la catégorie des cuirassés rapides, car le Dunkerque et le Strasbourg, construits à partir de 1932-34 devaient remplacer respectivement le cuirassé France (perdu en mer en 1922) et l’Océan (désarmé pour 1938), de la classe Paris. Ils furent lancés en 1935 et 1936 et achevés en 1937-38. Souffrant d’une relativement faible autonomie, ils se trouvèrent surclassés par la sortie des deux Litorrio Italiens en 1937-39.

Leur carrière opérationnelle fut relativement longue pour ce type de bâtiments car ils furent parmi les premiers à être construits après le traité, le moratoire ayant expiré. Cependant, ils furent victimes de la défaite terrestre de la France. Peu avant, dès septembre 1939, ils participèrent activement aux recherches avec la flotte Britannique des corsaires Allemands dans l’Atlantique sud, dont le Graf Spee, pour lesquels ils étaient tout spécialement conçus. Affectés en Méditerranée à partir d’avril 1940, ils étaient stationnés dans la base de Mers-el Kébir près d’Oran. Lors de la tristement célèbre attaque en règle de la flotte Britannique, le Dunkerque, bien qu’endommagé, réussit à sortir de la rade et à riposter. Trois mois après cet événement, le Dunkerque fut attaqué par des Sworfish du Porte-avions Ark Royal, et encore gravement atteint. Réparé finalement, il fut ensuite rapatrié à Toulon en février 1942, après quelques réparations sommaires. On le mit en cale sèche pour de plus amples réparations. Le Strasbourg échappa également à des attaques Britanniques et parvint à rentrer à Toulon fin 1940. Il y stationnait en novembre 1942 lorsque la Wehrmacht tenta de prendre le port par surprise, et se saborda en compagnie de son sister-ship.

Le Dunkerque avait été jugé irrécupérable et après avoir été gravement endommagé par un raid allié en 1944, il fut sorti de son bassin en 1945, et ancré dans la rade pour une démolition qui intervint en 1958. Le Strasbourg fut renfloué par les Italiens en 1943, et ces derniers tentèrent de le rendre opérationnel, mais les travaux n’en finissaient pas et le 18 août 1944, il fut coulé par un raid allié. Renfloué en 1945, il fut utilisé jusqu’en 1954 comme coque-cible pour des tests de protection sous-marine, et démoli l’année suivante.

 

Spécifications techniques

Déplacement 26 500 t. standard -30 750 t. Pleine Charge
Dimensions 214.50 m long, 31.1 m large, 8.7 m de tirant d’eau
Machines 4 hélices, 4 turbines Parsons, 6 chaudières Indret, 112 500 cv.
Vitesse maximale 29,5 nœuds
Blindage Ceinture 248-146 mm, Tourelles secondaires 90 mm, ponts 130-28 mm, tourelles 335 mm, blockhaus 260 mm
Armement 8 pièces de 330 mm, 16 pièces de 130 mm, 8 de 37 mm (4×2), 32 de 13.2 mm AA (8×4), 2 avions
Équipage 1 431