Royaume-Uni, 1913

Cuirassés classe Queen Elisabeth

Les cuirassés de la classe QE furent parmi meilleurs de la grande guerre et les plus actifs déployés par la Royal Navy durant la seconde. Un palmarès brillant, en particulier pour la carrière du Warspite.

Entamés en 1912-13, lancés en 1913 (QE et Warspite), 1914 (Valiant et Barham) et 1915 (Malaya), terminés entre 1915 et 1916, ils succédaient aux Iron Duke (1912) et ne différaient que par leur déplacement et leur artillerie: 27 500 tonnes contre 25 000 et 8 pièces de 381 contre 10 de 343 mm. Ils s’agissait en outre des premiers cuirassés au monde marchant au mazout. Avec comme conséquences notamment une diminution de l’espace dévolu au stockage du combustible, un temps de chauffe largement inférieur et la fin des panaches noirs qui signalaient la ligne de bataille à l’horizon.

Leur vie opérationnelle durant la grande guerre fut déjà assez copieuse, elle le fut d’avantage encore pendant la seconde guerre mondiale:

Le Queen Elisabeth appuya les débarquements aux Dardanelles, et, toujours en méditerranée, combattit le Croiseur de bataille turc Yavuz Sultan Selim (ex-Goeben, avec l’amiral Souchon aux commandes!), utilisant pour la première fois un ballon pour sa direction de tir. Bien que ne participant pas à la célèbre bataille du Jutland, il fut présent dans l’Atlantique et en mer du Nord, la reddition de la Hochseeflotte étant signée à son bord en 1918. Jusqu’à sa modernisation en 1926, il fut le navire-amiral de la flotte de la méditerranée, basée à Gibraltar. Une seconde modernisation, qui devint une refonte complète intervint à Portsmouth entre 1937 et 1941. A l’issue de ces travaux, basés en partie sur ceux menés peu avant sur le Warspite, le QE et le Valiant étaient presque méconnaissables : seule leur proue avec éperon trahissait leur âge. Leur silhouette d’abord, avec une seule cheminée au lieu de deux, (auparavant, cette dernière était tronquée -voir Barham), un « massif » de passerelle identique à celui du Warspite, un hangar aviation et une catapulte en position centrale, un massif arrière avec télémètres, radar, artillerie principale rehaussée, ajout de protections de coques supplémentaire, de 20 canons de 114 mm en tourelles doubles, quatre affûts quadruples de 40 mm Bofors, et une DCA de 20 mm qui se monta à 52 vers 1943-45.

 

HMS Barham, 1939

HMS Barham, 1939

HMS Queen Elisabeth, 1941

HMS Queen Elisabeth, 1941

 

HMS Warspite, 1941

HMS Warspite, 1941

HMS Vailiant, 1943

HMS Vailiant, 1943

Le QE revint en méditerranée, participant à des sorties contre la marine Italienne, et fut attaqué en décembre 1941 à Alexandrie par des commandos Italiens à Alexandrie. Ces derniers, des hommes-grenouilles opéraient grâce à leurs torpille pilotées « Maïale » depuis le tanker Olterra camouflé en pétrolier neutre ancré au large. Un bon sujet pour Hollywood ou le cinéma Italien puisque ce furent les rares actions d’éclat de la Regia Marina. Le QE, sauta sur les charges disposées contre sa coque et coula dans la rade. Inutilisable pour longtemps, il fut renfloué et conduit aux USA pour des travaux à l’arsenal de Norfolk. Il en revint avec des canons de 20 mm et des équipements supplémentaires, et fut envoyé en extrême-orient où il participa à la reconquête de la Birmanie et de la Chine méridionale. En juin 1945, le QE rentra en métropole et fut désarmé en 1946 et démoli deux ans plus tard.

Le Valiant participa à la fameuse Bataille du Jutland en 1916, sauvant avec trois de ses sister-ships les croiseurs de Bataille de l’amiral Jellicoe d’une destruction certaine. Le Valiant à ce titre fit des tirs heureux, mais il s’avéra plus tard que nombre des coups au but ne donnèrent rien (les Britanniques souffraient de la mauvaise qualité de la cordite des gousses d’Obus, de malfonctions des détonateurs – bien des matelots Allemands au cours de ladite bataille se trouvèrent en présence d’obus n’ayant fait que traverser les coursives – face à l’efficacité redoutable de leur direction de tir, certains enseignements étant tirés de l’étude des navires Allemands sabordés à Scapa Flow en 1919, dont le redoutable et révolutionnaire Hindenburg). Le Valiant subit une collision avec le Warspite et fut réparé la même année. Il fut modernisé en 1929, puis de nouveau en 1935-39, comme le Queen Elisabeth.

Bien que gravement touché par des mines magnétiques en 1939, il participa à la campagne de Norvège, puis rallia la méditerranée, où il participa au raid d Benghazi, à la bataille du cap Matapan. Un mois plus tard, il était en Crète, et fut attaqué par la Luftwaffe. Il était présent à Alexandrie comme le QE au sein de la flotte de la méditerranée (Cunningham) à Gibraltar lorsque les commandos Italiens le firent sauter. Il fut renfloué, envoyé à Durban en Afrique du Sud et rapidement réparé. Renvoyé en méditerranée, il prit par aux supports de débarquements en Sicile et en Italie, escortant la Regia marina à Malte lors de la capitulation Italienne puis fut envoyé dans l’océan Indien en 1944, pour participer aux opérations de reconquêtes du secteur. À Trincomanlee (Ceylan), il fut endommagé par un grave accident alors en cale sèche, et fut renvoyé en Grande-Bretagne pour réparations, lesquelles ne seront pas menées à terme. En 1946, il servait de navire d’entraînement, il sera démoli en 1948.

Le Warspite, sans doute le plus auréolé des cinq, il fut présent au Jutland en mai 1916, combattant avec les croiseurs de bataille de l’amiral David Beatty. Il y fut touché 15 fois, tirant 260 obus. Il eut à souffrir de deux collisions, avec le Valiant, puis avec le Barham, et retira de ces épreuves la réputation de navire chanceux. Il fut reconstruit en 1924-26, puis une seconde fois en 1934-37, cette dernière servant d’ailleurs de modèle. Il différait principalement des QE et Valiant par le fait qu’il conservait ses pièces d’artillerie secondaire en barbettes, les tourelles de 114 mm de ses sister-ships n’étant pas encore pleinement opérationnelles. Il reçut également de nouvelles turbines et des machines avec moins de chaudières, permettant de diminuer son déplacement et d’utiliser cette décrue pour améliorer la protection. Comme pour les autres, la hausse de ses pièces passa de 21 400 à 29 440 mètres. Il se couvrit de gloire durant la campagne de Norvège, pénétrant sans couverture aérienne et tous feux éteints, comme un loup dans la bergerie qu’était devenue le port de Narvik ce matin de brume du 13 avril 1940, en compagnie de plusieurs destroyers. Le 10 avril, la Kriegsmarine avait déjà essuyée une telle attaque de la part de l’amiral Warburton Lee. Mais cette fois, il s’agissait non de cargos escortés mais de dix destroyers transportant 2000 hommes. Pendant son trajet dans la passe étroite, deux sous-marins et un destroyers adverses furent coulés. Acculé et prévenu, le commandement allemand n’avait plus qu’à faire face, et ses destroyers furent rapidement envoyés par le fond.

Envoyé en Méditerranée, la « Vieille Dame » (en Anglais, les navires sont de type féminin), était au large de la Calabre, lorsqu’il affronta ce 9 juillet 1940 la flotte Italienne à Punta Stilo. Un tir au but sur le Giulio Cesare, le navire-amiral, provoqua le retrait précipité des Italiens. Il sera également à la bataille du cap Matapan, tirant à longue portée sur le Vitorrio veneto, puis rattrapant et surprenant en pleine nuit avec le Valiant et le Barham les trois croiseurs Italiens Zara, Gorizia et Fiume, coulés à bout portant (3000 mètres) sous la lumière crue des projecteurs. Il fut également en Crête, et gravement endommagé par les Stukas et les Ju88 de la Luftwaffe. Envoyé en réparations aux USA, il en revint en 1942, envoyé dans l’eastern fleet, puis de retour en Méditerranée pour participer au débarquement de Salerne où il fut atteint par des bombes volantes Henschel de la Luftwaffe. Remis en service après réparations, il était dans l’armada alliée du 6 juin 1944, bombardant les Bunkers de la côte. Il sauta sur une mine, et fut remorqué, réparé et participa aux bombardements contre Brest et le Havre. En janvier 1945, la « vieille dame », fut mise à la retraite, désarmée, puis conduite à la casse (comme pour échapper à ce sort peu glorieux, le Warspite s’échoua sur une plage des Cornouailles en 1946).

Le Barham, fut modernisé en 1934-35, y gagnant cette silhouette qu’ont eu ses autres sister-ships, avec ses cheminées tronquées, sa passerelle en pagode « à la japonaise ». Mais comme les autres, il adopta un hangar pour hydravions et une artillerie AA légère (quatre tourelles doubles de 102 mm et des affûts octuples de 40 mm). Il ne fut pas reconstruit une seconde fois, contrairement au Malaya. Il était présent au Jutland, subissant 6 impacts. Au sein de l’escadre de la méditerranée en 1941, il participa à la bataille du cap Matapan, en compagnie du Warspite et du Valiant. Mais sa carrière se termina cette année puisque le 25 novembre 1941, il fut atteint par les 3 torpilles de l’U-331 et sombra en 5 minutes. Il avait déjà échappé à ce sort en recevant une torpille précédemment.

Le Malaya était également présent au Jutland et fut reconstruit en 1927-29, puis une seconde fois en 1934-36. mais ce ne fut qu’une modernisation et non une refonte comme pour le Warspite et les autres ultérieures. De ce fait, en apparence, il est proche du Barham. Fin 1942, ses hydravions, grues et catapultes furent remplacées par de l’artillerie AA supplémentaire. Il participa aux bombardements de Gènes et fut torpillé au large des îles du cap vert, y survivant. Provisoirement réparé à Trindad, il gagna les USA pour des réparations complètes. Cependant, il fut jugé trop vieux pour le service et mis rapidement à la retraite en 1944. Il sera démoli en 1948.

 

Spécifications techniques

Déplacement 30 000 t. standard -36 500 t. Pleine Charge
Dimensions 195 m long, 31,7 m large, 9,8 m de tirant d’eau
Machines 4 hélices, 4 turbines Parsons, 8 chaudières Admiralty, 80 000 cv.
Vitesse maximale 23,5 nœuds
Blindage Ceinture 330 mm, réduit central de 152 mm, tourelles 330 mm, blockhaus 278 mm
Armement 8 pièces de 381 (4×2), 20 pièces de 114 mm (10×2), 32 de 40 mm AA, 20 à 52 de 20 mm, 2 hydravions
Équipage 950