Océan Pacifique
Dates : 7 août 1942 – 7 février 1943.
Les Japonais souhaitaient ardemment établir une base aérienne à Guadalcanal, afin de leur permettre de bombarder l’Australie et de dominer le ciel du sud-ouest du Pacifique. Pour éviter cela, l’état-major américain décida d’envahir l’île. Lors de la bataille de Guadalcanal, les vice-amiraux Robert Ghormley et William Halsey se succédèrent au commandement des forces américaines dans le Pacifique.
Celles-ci se composaient d’une Task Force (commandée par le contre-amiral Fletcher) de trois porte-avions (Enterprise, Saratoga et Wasp), de la flotte amphibie du Pacifique-Sud du contre-amiral Turner et de la 1ère division de Marines du général Alexander Vandergrift, soit au total une force de 17 000 hommes (plus tard renforcée et atteignant 60 000 hommes).
Les Japonais disposaient des troupes cantonnées à Rabaul, commandées par l’amiral Shigeyoshe Inouye, et des forces de l’amiral Raizo Tanaka (une flotte de destroyers spécialisée dans les opérations nocturnes). Il alignaient également la 8e flotte japonaise du vice-amiral Gunihi Mikawa et la XVIIe armée japonaise du général Haruyoshi Hyukatake), en tout 34 000 hommes.
L’amiral King (chef des opérations navales américaines et commandant en chef de la Navy) hésitait entre les plans de l’amiral Nimitz (commandant en chef de la flotte du Pacifique) et du général MacArthur (commandant en chef allié du Sud-Ouest Pacifique). Nimitz proposait des offensives navales à Truk, là ou s’était réfugiée la marine japonaise, tandis que MacArthur voulait effectuer des offensives amphibies sur la base japonaise de Rabaul (verrou de toute l’Asie du Sud-Est), située dans l’archipel Bismarck. Le 5 juillet 1942, un contingent japonais de 1 500 hommes fut repéré par des appareils de reconnaissances américains à Tulagi (île Florida). Le même jour, 2 200 autres Japonais construisant un aérodrome sur l’île de Guadalcanal (située à l’est des îles Salomon) furent localisés. Décision fut alors prise d’attaquer cette dernière.
Le 7 août, la Task Force, la force amphibie du contre-amiral Turner et la 1ère division de Marines de Vandergrift attaquèrent Guadalcanal et parvinrent à y prendre position. Les Américains s’emparèrent de l’aérodrome de Lunga Point (sur l’île) et le rebaptisèrent Henderson Field (en honneur à un major des Marines mort au combat lors de la bataille de Midway). Un périmètre de défense fut établi autour de celui-ci. De violents combats se déroulèrent à Tulagi, mais les 6 000 Marines qui s’y trouvaient vinrent à bout de la garnison japonaise le soir du 8 août. Pour ne pas perdre la face, l’amiral Inouye lança un raid aérien contre l’île, mais il fut repoussé. L’amiral Tanaka, quant à lui, envoya en renfort sept croiseurs et un destroyer, profitant d’une manœuvre de Fletcher qui amena ses porte-avions à l’est de Guadalcanal.
Après une défaite au large de l’île Savo (ou les Américains perdirent quatre croiseurs lourds), Turner dut faire rebrousser chemin à ses transports. Le 20 août, la « piste Henderson » était achevée, les forces américaines débarquées disposaient ainsi d’un terrain d’aviation, rééquilibrant les forces dans le ciel du Pacifique. Le 24 août, l’amiral Kondo envoya 8 navires de lignes, 3 porte-avions, des croiseurs et des destroyers pour attaquer la Task Force américaine. Lors des combats, les Japonais perdirent le porte-avions léger Ryujo. Il durent battre en retraite sans avoir pu bombarder l’aérodrome ni débarquer des renforts sur Tulagi et Guadalcanal. Cependant, l’Enterprise fut durement touché au cours des combats.
Le 12 septembre, le général Hyukatake envoya ses 6 000 hommes pour effectuer une offensive de nuit sur Bloody Ridge. La défense américaine était assurée par 11 000 hommes, et l’attaque fut un échec : les Japonais perdirent 1 500 hommes contre seulement 40 pour les Américains. Lors d’offensives navales, le porte-avions Wasp et le destroyer O’Brien furent détruits, le Saratoga et le cuirassé North Carolina gravement endommagés.
À la fin de septembre 1942, l’US Navy ne disposait plus que du porte-avions Hornet et du cuirassé Washington dans ce secteur, mais elle parvint tout de même à débarquer 4 200 hommes sur Guadalcanal. Dans la nuit du 11 au 12 octobre, 3 croiseurs et 2 destroyers de l’amiral Goto s’approchèrent de l’île, mais la Task Force 64 de l’amiral Scott (5 croiseurs et destroyers) les intercepta et les vainquit. De plus, les Américains réussirent à débarquer de nouveaux renforts sur l’île. Le 13, les Japonais envoyèrent deux cuirassés rapides, des croiseurs lourds et six transports de troupes qui débarquèrent 4 500 hommes sur l’île. Les forces japonaises sur Guadalcanal se chiffraient désormais à 24 000 hommes et les américaines à 23 000 hommes. Insatisfait, Nimitz fit remplacer Ghormley par Halsey et Fletcher par l’amiral Kinkaid.
Le 23 octobre, la XVIIe armée japonaise attaqua l’aérodrome. Pendant ce temps, l’amiral Kondo se tenait près au large de l’île avec 4 cuirassés, 4 porte-avions, 10 croiseurs et 30 destroyers. Le 26 octobre eut lieu la bataille de Santa Cruz ou le Hornet fut coulé et l’Enterprise gravement endommagé. Les Japonais, quant à eux, perdirent 100 avions sur les 150 engagés dans les combats. Ceux-ci continuaient sur l’île, mais les Marines tenaient bon. Après une paix relative de deux semaines, la bataille décisive eut lieu du 12 au 15 novembre. Lors de celle-ci, la Navy perdit 2 croiseurs et 7 destroyers, tandis que la Marine Impériale déplorait la disparition de 6 navires de lignes et de 6 de ses 10 transports de troupes (les 4 autres parvinrent à débarquer leurs contingents).
Le 11 décembre, l’état-major japonais prit la décision d’évacuer la XVIIe armée de Guadalcanal. À ce moment-là, les forces japonaises sur l’île étaient réduites à 11 000 hommes tandis que 50 000 GI américains (du général Patch) avaient pris position. Le 7 février, les troupes japonaises commencèrent à gagner leurs transports et le 8, elles avaient toutes quitté Guadalcanal.
Lors de ces six batailles navales successives, la Navy et la Marine Impériale perdirent chacune 24 navires, soit 126 000 tonnes pour la première et 136 000 pour la seconde. Cependant, les Japonais avaient perdu 25 000 de leurs 35 000 hommes envoyés à Guadalcanal, alors que les Américains n’avaient perdu que 1 500 hommes sur 60 000. Ce fut la première défaite terrestre de l’armée nipponne.