Japon

Date : 18 avril 1942.

 

L’attaque surprise contre Pearl Harbor le 7 décembre 1941 ne fut pas considérée par les Américains comme une défaite, mais comme une infamie. Il faut rappeler qu’au moment où les forces combinées menées par l’amiral Nagumo frappaient le port de l’archipel hawaïen, le Japon n’avait pas encore déclaré la guerre aux États-Unis.

L’idée de bombarder l’archipel nippon en guise de revanche vint très tôt, mais l’Océan Pacifique était bien vaste et le Japon résolument hors de portée. Au début du conflit, au vu de l’inexorable expansion japonaise, le moral des Américains se trouvait au plus bas.

Il était urgent de marquer des points, même symboliquement, contre un ennemi qui dominait insolemment le Pacifique.

En février 1942, pour remonter ce moral défaillant et montrer à l’adversaire qu’il n’était pas à l’abri des coups, le capitaine Francis Low imagina une opération surprise sur le Japon.

 

« Davantage de production ! » U.S. National Archives

« Davantage de production ! » U.S. National Archives

C’était vraiment une gageure, car la machine de guerre américaine commençait à peine à se mettre en route et le Soleil Levant régnait sur une vaste partie de l’Océan Pacifique.

On fit appel pour cette mission à un personnage peu ordinaire, le lieutenant-colonel Doolittle, aviateur hors du commun.

Pour ce projet qui ressemblait à un pari un peu fou, Doolittle opta pour des bombardiers North American B-25 « Mitchell ». Faire décoller des appareils de cette taille depuis un porte-avions, absolument pas conçus pour ça, n’était pas une mince affaire. Après des essais à terre, on embarqua seize B-25 modifiés à bord du porte-avions Hornet.

Le 18 avril 1942, les seize bombardiers, bientôt suivis de quinze autres décollèrent du Hornet qui croisait à 1150 km du Japon et larguèrent leurs bombes sur Tokyo sans rencontrer de réelle opposition, tant l’effet de surprise était grand. Les appareils ne pouvant se poser sur le porte-avions, il était prévu qu’ils atterrissent en Chine.

 

Le B-25

Le B-25 « Mitchell » n’était conçu ni pour un bombardement à longue distance que sa trop faible autonomie lui interdisait, ni pour décoller d’un porte-avions, en raison de sa taille respectable.

En aucun cas le retour et l’appontage sur le « Hornet » n’étaient envisageables. Une zone de turbulences empêcha les équipages de trouver leur terrain d’atterrissage. Certains sautèrent en parachute au-dessus de la Chine. Un appareil se posa même à Vladivostok (URSS). Sur les 80 hommes d’équipage, 71 survécurent.

Matériellement parlant, ce raid ne fut guère destructeur et ne gêna pas l’industrie militaire nippone. En revanche, l’impact psychologique fut important, tant aux U.S.A. qu’au Japon. Le moral revint aux Américains; quant aux Japonais, ils furent tellement surpris par ce raid qu’ils crurent un moment à une attaque de leur vieil ennemi soviétique.

Ce qui est resté dans les mémoires sous le nom de « raid de Doolittle » eut néanmoins des conséquences importantes. L’amiral Yamamoto décida d’agrandir la zone de protection autour de l’archipel sur son flanc est, ce qui l’amena nécessairement à dégarnir d’autres secteurs. Cette modification dans la stratégie maritime japonaise préluda à la bataille de Midway.

L’objectif était atteint : les Américains avaient démontré au Japon qu’il n’était pas à l’abri. Ce n’était qu’un avant-goût du déluge de feu qui allait bientôt s’abattre sur l’archipel du Mikado.

 

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