Philippines
Dates : 20 octobre 1944 – 28 juin 1945.
Depuis la mi-1942, les Philippines étaient sous contrôle japonais. Mais les Alliés ne cessaient d’avancer dans le Pacifique et les Philippines étaient alors leur prochaine cible. Cependant, la marine impériale japonaise attendait de pied ferme l’US Navy.
Le contexte
L’armée japonaise pouvait compter sur 225 000 hommes aux Philippines, c’est pourquoi les Américains durent utiliser les grands moyens. Ils déployèrent la plus grande force amphibie jamais vue dans le Pacifique, soit plus de 600 navires. Ceux-ci déposèrent sur les plages de Leyte 100 000 soldats de la VIe armée américaine. Le 20 octobre, celle-ci était positionnée autour de la capitale de Leyte, Tacloban, et de Dulag, au sud.
Cette armée contraignit les 21 500 Japonais postés à Leyte de se replier plus à l’intérieur de l’île. Les troupes japonaises avaient été prises par surprise car le général Yamashita, commandant en chef japonais dans le Pacifique, pensait que les Américains débarqueraient à Luçon. Il dut donc dépêcher des renforts d’urgence vers Leyte. Pendant ce temps là, les flottes américaine et japonaise se préparaient au combat.
Un combat naval géant
Le 24 octobre 1944, près de 300 bâtiments de guerre furent engagés au large des Philippines dans ce qui pouvait bien devenir la plus grande bataille de tous les temps. Le but des Japonais était clair : anéantir les IIIe et VIIe flottes américaines. Pour ce faire, ils engagèrent toutes leurs forces navales dans le combat. Cette opération fut baptisée par les Japonais Sho-1, la décision de la lancer fut prise après que l’amirauté japonaise eut pris conscience du plan de débarquement américain. On envoya l’amiral Toyoda prendre la direction des opérations. Celui-ci voulait piéger les flottes américaines entre deux groupes de cuirassés : la Ière force navale du vice-amiral Kurita (qui venait de Brunei) et la IIe force navale de l’amiral Shima (venant du Japon). Mais il fallait appâter les Américains pour les emmener au point d’embuscade décidé.
On envoya alors les quatre derniers porte-avions nippons (dirigés par l’amiral Ozawa) pour faire appât. Mais au matin du 23 octobre, deux sous-marins américains repérèrent la Ière flotte japonaise et lui coulèrent deux croiseurs. Les Américains décidèrent d’attaquer la formation nippone. C’était une catastrophe pour les Japonais : non seulement l’effet de surprise était perdu, mais les Américains allaient s’en prendre à la force d’attaque, et non aux appâts !
Une immense bataille aérienne commença alors : le porte-avions américain Princeton fut détruit par des bombardiers japonais. L’aviation nippone parvint également à endommager un croiseur léger et cinq destroyers. Les avions américains causèrent aussi de lourds dommages aux Japonais : ils parvinrent à détruire le cuirassé Musashi (de la Ière force nippone) dans la mer de Sibuyan.
Les porte-avions japonais désignés comme appâts furent alors repérés au nord du cap Engaro : l’amiral Halsey donna l’ordre de les attaquer le soir même. Chacun retrouvait son rôle et la Ière flotte de Kurita fila vers Leyte ou se trouvait la VIIe flotte américaine. La flotte nippone manqua malheureusement de couverture aérienne.
Le 26 octobre, le combat qui avait opposé 282 navires tourna en faveur des Américains. Ceux-ci avaient infligé des pertes énormes à la flotte japonaise. Durant la bataille, 30 navires furent coulés dont 24 nippons ! Parmi ces navires coulés, on dénombrait les quatre derniers porte-avions japonais. Le combat se resserra alors sur les mers intérieurs des Philippines. L’amiral Nishumura perdit sa bataille contre les Américains et sombra avec son navire amiral, le Yamashiro.
Pendant ce temps là, Kurita passait le détroit de San Bernardino et attaqua la VIIe flotte américaine (du contre-amiral Sprague). Il parvint à lui couler cinq navires car les renforts aériens américains étaient aux prises avec les avions japonais 500 km plus au nord. La marine et l’aviation américaines avaient réussi à vaincre la flotte impériale japonaise. Cependant, les navires américains durent faire face à une nouvelle menace : les pilotes kamikazes. Ceux-ci réussirent à couler le porte-avions d’escorte Saint Lô.
La reprise des îles
Les troupes américaines et japonaises se livrent à un combat acharné sur l’île de Leyte. Le 1er novembre, des kamikazes parviennent à couler le destroyer Abner Read et à endommager cinq autres navires.
Le 6 novembre, les porte-avions américains arrivent à détruire 400 avions japonais et à envoyer par le fond le croiseur lourd Nachi. Le 14 novembre, l’US Navy peut rajouter quatre contre-torpilleurs japonais ainsi que le croiseur Kiso à son tableau de chasse. Ceux-ci furent coulés dans la baie de Manille. Le 25 novembre, les croiseurs Kumano et Yasoshima sont coulés par l’aéronavale américaine, mais les kamikazes endommagent quatre porte-avions américains. Le 7 décembre, l’aviation américaine coule un convoi de renforts japonais destinés à Leyte et les troupes du général Hodge débarquent dans la baie d’Ormoc. Le 18 décembre, la météo se mêle de la bataille en envoyant un typhon qui fait chavirer trois croiseurs américains et envoyer 150 avions à la mer. Le jour de Noël 1944, des troupes d’élite japonaise sont transférées de Luçon à Mindanao, et le 26 décembre, des navires japonais bombardent la tête de pont américaine à Mindoro.
Le 4 janvier 1945, le porte-avions américain Ommaney Bay est gravement endommagé par des kamikazes et se voit forcé de se saborder. Le 9 janvier, la VIe armée américaine put débarquer à Lingayen grâce au soutient de la IIIe flotte. Les Japonais lui offrirent peu de résistance, mais les navires de MacArthur furent attaqués par les kamikazes qui endommagèrent ou coulèrent 40 navires.
Maintenant que les Américains tenaient Mindoro (depuis le 15 décembre 1944), l’aviation américaine pouvait soutenir l’invasion de Luçon. La VIe armée parvint rapidement à établir une tête de pont de 20 km de large pour 5 km de profondeur. À partir de ce moment, MacArthur insista pour que Manille soit prise rapidement ainsi que la piste de Clark Field. Le 31 janvier, la 11e division aéroportée débarqua au sud de la baie de Manille, à Nasugbu. Ils réussirent à atteindre les faubourgs de la ville le 3 février. Le 13, la 11e division aéroportée s’empara de la base navale de Cavite et de l’aérodrome de Nicholls. À dater du 21 février 1945, les Américains réoccupèrent toute la presqu’île de Bataan, à Luçon. Mais les combats continuaient à Manille et à Corregidor.
Le 27, les soldats japonais étaient chassés de Manille. Les derniers se rendirent le 3 mars dans le bâtiment du ministère des Finances. Le 10 mars, les Américains débarquèrent à Mindanao.
Le 18 mars, les Marines débarquèrent sur l’île de Panay. À leur grande surprise, ils furent accueillis par les guérilleros philippins qui avaient chassé les Japonais depuis quelques jours. Ceux-ci se rallièrent aux forces américaines. Le 1er avril, les Américains débarquèrent sur la presqu’île de Bicol et prirent l’aérodrome de Legaspi. Le 10 avril, ils occupèrent l’île de Jolo (entre Mindanao et Bornéo). Le 16, les troupes américaines, précédées de lourds bombardements, débarquèrent à Carabao, mais les Japonais avaient déjà évacué l’île. Le 22 avril, les îles de Cebu et de Jolo étaient entièrement sous contrôle américain. Le 3 mai, Davao (sur l’île de Mindanao) fut prise par les Américains. Le 13 mai, c’était au tour du col de Balete. Le 7 mai, à Luçon, les troupes américains prirent Santa Fe et la piste de Villa Verde.
Le 13 juin, les troupes australiennes débarquèrent dans la baie de Brunei et dans les îles de Labuan et Muara. Le 15 juin, Labuan et Muara furent prises par les Australiens. Le 21 juin, le port d’Aparri, le dernier sous contrôle japonais, tomba aux mains des Américains et le 25, ils s’emparèrent de Tuguegarao et de Gattaran.
Le 28 juin 1945, MacArthur annonça la fin des opérations à Luçon. La VIIe armée fut alors affectée au nettoyage des 23 000 Japonais restants. Les Philippines appartenaient à nouveau aux Américains.
Photos : National Archives and Records Administration Source et carte : Catherine et Jacques Legrand dir. Chronique de la Seconde Guerre mondiale. Éditions Chronique, novembre 2002