Allemagne, 1944-45

Submersibles

Les types XXI auraient pu changer le cours de la bataille de l’Atlantique. En 1942, les pertes des VIIC, dont la conception datait de 1936, étaient de plus en plus lourdes devant les moyens impressionnants mis en œuvre par les alliés. L’année suivante, chaque sortie d’un U-Boote dans l’Atlantique pouvait se solder par un naufrage sans une seule torpille lancée. Il fallait absolument développer le modèle alors expérimental que le professeur Helmuth Walter préconisait depuis 1931.

 

Un U-Boot du type XXI.

Un U-Boot du type XXI.

En effet, la technologie des submersibles n’avait que peu changé depuis la fin de la grande guerre, et ces derniers passaient le plus clair de leur temps en surface, plongeaient seulement en cas d’urgence, devenant alors lents, du fait des faibles moteurs électriques lourds et peu rentables, à la merci des sonars et grenadages. De plus, renouveler l’air ou chasser les surplus des gaz acides générés par l’usage des batteries provoquaient des « bouillons » détectées à des kilomètres à la ronde en surface par des avions en patrouille.

Le Professeur Walter avait breveté un circuit d’alimentation moteur fonctionnant au peroxyde d’azote, un produit très instable mais qui avait l’avantage de permettre à ces moteurs de rester totalement autonomes, avec peu ou pas de vibrations, et surtout de circuler en plongée presque indéfiniment, à grande vitesse. Ce procédé révolutionnaire intéressa très vite les Nazis, qui commandèrent un premier projet en 1933. Cependant les priorités du réarmement étaient autres, et on remit ces études opérationnelles à plus tard.

Il faut attendre 1939 pour que le premier submersible à propulsion Walter ne soit construit. le minuscule V80 de 75 tonnes et long de 22 mètres. Grâce à sa coque très finement dessinée, il atteignait facilement les 28 nœuds en plongée, le record absolu à l’époque. Le suivant sera le V300, qui inaugurait en 1942 une turbine à haute pression. Il fut suivi d’un premier submersible opérationnel en 1943, l’U-791, puis les U-792 et 793, 794 et 795, armés de torpilles de proue et qui furent amplement expérimentés. Mais ces recherches avançaient très lentement, et priorité fut donnée à un modèle de série plus simple : ce fut le type XXI, mariant la nouvelle coque hydrodynamique avec un moteur diesel plus conventionnel, mais intégrant un espace largement supérieur pour les batteries, qui passaient une telle puissance que la vitesse finale submergée se situait autour de 17 nœuds, soit dix de mieux que la plupart des VIIC de l’époque. De plus, ils reçurent un système anti-vibration qui les rendaient totalement silencieux à faible vitesse en plongée, des brouilleurs magnétiques contre les Deep-Charges, un snorchel permettant de renouveler l’air sans faire surface, des leurres d’huile pour faire croire à un grenadage réussi, un système de lancement de torpilles automatisé à haute vitesse, et des canons antiaériens en tourelles électriques couplées à de nouveaux systèmes d’écoute et de détection.

Speer organisa la production en masse de façon à ce que les premières séries soient opérationnelles en novembre 1944. On les conçut alors en section préfabriquées pouvant êtres construites dans des tunnels, des blockhaus, jusqu’au fameuses usines sous béton construites par Todt, capables d’en produire des centaines en un mois. Il s’agissait de l’une des « armes secrètes » de Hitler, au même titre que les V2, les Me 262, et les nouveau chars Tigre Royal. Sur plus de 1600 prévus pour la fin 1945, 121 seront terminés, la moitié environ gagna les bases opérationnelles en Norvège, mais seulement deux, les U-2511 et U-3008 firent une sortie opérationnelle, les autres restant à quai, attendant les ordres qui ne vinrent jamais. On se demandait toujours comment opérer efficacement avec ces unités, il manquait des mois d’entraînement et de réflexion pour la définition d’une tactique radicalement nouvelle. Par d’autres aspects, ces types XXI furent présents en de larges stocks à la libération, dans laquelle les alliés se servirent généreusement. Les Français et les Russes sont connus pour les avoir « plagiés » le plus ouvertement, et ils constitueront la base des nouveaux modèles de Sous-marins d’attaque conventionnels des années 60.

 

Spécifications techniques

Déplacement 1 595 t. standard -1 790 t. Plongée
Dimensions 76,70 m long, 6,60 m large, 6,30 m de tirant d’eau
Machines 2 hélice, 2 diesel, 4 moteurs électriques dont deux silencieux, snorchel, 2000 / 2613 cv.
Vitesse maximale 15,6 nœuds surface / 17,2 nœuds plongée
Blindage Néant
Armement 2 x 2 canons de 30 mm AA en tourelles, 6TLT 533 mm (avant, 23 torpilles)
Équipage 57