France, 1940-43
La défaite éclair de la France en juin 1940 allait condamner la plupart des constructions en cours, du fait des conditions d’armistice, mais aussi du sabordage ou de la fuite de navires incomplets, dont le plus célèbre est sans conteste le cuirassé Jean Bart. Les plans de 1938-39 prévoyaient la construction d’un certain nombre d’unités nouvelles, dont certaines étaient déjà bien entamées, mais ne furent jamais terminées, et d’autres virent leur construction abandonnée à 10 ou 15% d’avancement des travaux. Enfin pour certains, l’ordre de construction n’arriva jamais. Cette page je l’espère comblera un vide béant dans ce domaine (bien que tout à fait inutile par certains égards) mais qui a au moins la primeur de l’exclusivité pour les passionnés d’histoire.
Porte-avions Classe Joffre
Se basant sur l’expérience britannique, suivant une spécification de 1931, les ingénieurs Français planchèrent sur les premiers vrais porte-aéronefs Français, à hangar à deux étages. En 1938, la construction du premier, le Joffre, fut entamée aux chantiers de Saint-Nazaire le 26 novembre. En juin 1940, sa construction fut abandonnée alors que le lancement était proche. La coque fut par la suite démontée pour libérer le bassin. Son sister-ship, le Painlevé, ne fut jamais ordonné et un troisième aurait dû être entamé en juillet 1940, puisqu’ approuvé en mars, mais il fut également abandonné. Ces bâtiments avaient un pont d’envol de 200 mètres de long, décalé sur bâbord pour compenser la perte d’espace dû à l’impressionnante superstructure de passerelle, et la piste comprenait deux ascenseurs centraux. Les Joffre devaient opérer 40 avions, dont 15 chasseurs (versions navalisées du Dewoitine 520?) et 25 bombardiers-torpilleurs, de type Vought V156F Vindicator, ainsi que dix bombardiers en piqué Loire-Nieuport LN 401.
Ils étaient rapides et équipés de tourelles améliorées semblables à celle du Mogador, avec les nouveaux affûts de 37 mm. Le premier vrai PA Français sera le Clémenceau, en 1956, nettement inspiré des Essex Américains.
Spécifications techniques
Déplacement | 18 000 t. standard 20 000 t. à pleine charge |
Dimensions | 236 m long, 24,60 m, 34,50 m large pont d’envol, 6,60 m de tirant d’eau |
Machines | 4 hélices, 4 turbines Parsons et 8 chaudières Indret, 125 000 cv. |
Vitesse maximale | 33 nœuds |
Blindage | Ceinture 102 mm, ponts 65 mm |
Armement | 8 pièces de 130 mm (4×2), 8 de 37 mm (4×2), 24 mitrailleuses de 8 mm AA (6×4), 40 avions |
Équipage | 1 251 |
Cuirassés rapides Classe Gascogne
En 1938, une spécification B3 précisait la construction d’une nouvelle série de cuirassés rapides inspirés des Richelieu, dont le lancement du premier, le Gascogne, aurait dû intervenir en 1944. Il devait être suivi de deux sister-ships, prévus pour un achèvement en 1945. En Mars 1940, l’ordre de construction aurait dû être donné, mais tous seront annulés avant la capitulation. Ils différaient des Richelieu par des dimensions et un déplacement supérieur, et leurs tourelles principales réparties entre l’avant et l’arrière, ainsi qu’un nouvel arrangement pour les hydravions, lancés au centre et stockés dans des hangars encadrant le désormais célèbre mât-cheminée.
Spécifications techniques
Déplacement | 37 000 t. standard 51 000 t. à pleine charge |
Dimensions | 252 m long, 35 m large, 9,30 m de tirant d’eau |
Machines | 4 hélices, 4 turbines Parsons, 6 chaudières Indret, 160 000 cv. |
Vitesse maximale | 32 nœuds |
Blindage | Max : 560 mm |
Armement | 8 pièces de 380 mm (2×4), 9 de 152 mm (3×3), 16 de 100 mm (8×2), 12 de 37 mm (6×2) 24 mitrailleuses de 13,2 mm AA (6×4), 3 avions |
Équipage | 1 765 |
Croiseurs lourds classe Saint Louis
L’Algérie (1932) avait inspiré la construction de nouveaux croiseurs lourds devant êtres lancés lorsque les limitations du traité de Washington arriveraient à expiration. En effets, ceux-ci devaient atteindre 14 à 15 000 tonnes standard, soit 5000 de plus que la limite. Or, d’autres marines commençaient à étudier de tels croiseurs, dont la marine Américaine. Les Saint-Louis étaient d’ailleurs très proches en conception des Baltimore, avec leur arrangement de trois tourelles triples pour leur armement principal. Les dimensions supérieures devaient permettre d’améliorer la protection active (DCA) et passive (blindage). Ils devaient remplacer à l’horizon 1943 les Duguay-Trouin (1923), et furent approuvés le 1er avril 1940, mais leur construction ne fut jamais ordonnée. Leur DCA était bien dégagée du fait de la reprise du « mât-cheminée », caractéristique des navires Français des années quarante, au bénéfice de l’espace.
Spécifications techniques
Déplacement | 4 470 t. standard -17 620 t. à pleine charge |
Dimensions | 202 m long, 20 m large, 5,80 m de tirant d’eau. |
Machines | 4 hélices, 4 turbines Parsons, 6 chaudières Indret, 130 000 cv. |
Vitesse maximale | 34 nœuds |
Blindage | Max : 210 mm |
Armement | 9 pièces de 203 mm (3×3), 8 de 100 mm (4×2), 8 de 37 mm (4×2), 16 mitrailleuses de 13,2 mm AA, 3 avions |
Équipage | 760 |
Croiseurs légers classe De Grasse
A la suite de la mise en service des croiseurs légers de la classe La Galissonnière, une nouvelle série fut envisagée, dont les trois premiers navires (De Grasse, Chateaurenault, Guichen) furent approuvés en 1937 et ordonnés en 1938, seule la construction du premier, le De Grasse, commença à l’Arsenal de Lorient en novembre 1938. Mais les travaux avancèrent lentement, et à la capitulation de juin 1940, il n’avait pas été lancé. Les travaux ne furent pas pour autant suspendus et continuèrent de manière épisodique. En 1946, il fut achevé et lancé, puis repassa en bassin pour un achèvement en tant que croiseur antiaérien dans une configuration très différente. Il servira en tant que tel jusqu’en 1976.
Le De Grasse était un peu plus court mais plus lourd, plus rapide et mieux protégé, ses hydravions étanjt lancés à partir de deux catapultes situées derrières la cheminées, les hangars étant de part et d’autre de celle-ci comme les cuirassés Gascogne et les croiseurs lourds Saint Louis.
Spécifications techniques
Déplacement | 8 000 t. standard -9 900 t. à pleine charge |
Dimensions | 176,30 m long, 18 m large, 5,5 m de tirant d’eau |
Machines | 4 hélices, 4 turbines Rateau-Bretagne, 4 chaudières Indret, 110 000 cv. |
Vitesse maximale | 33 nœuds |
Blindage | Max : 180 mm |
Armement | 9 pièces de 152 mm (3×3), 6 de 90 mm (3×2), 5 de 25 mm (5×1), 8 mitrailleuses de 13,2 mm AA, 6 TLT 550 mm (2×3), 4 avions |
Équipage | 580 |
Destroyers lourds classe Desaix
Les Mogador de 1936 devaient êtres suivis de 3 unités approuvées en mai 1938 (Desaix, Hoche, Kléber) et du Marceau, approuvé en avril 1939. Une nouvelle série de 6 unités (classe Bayard) fut approuvée en avril 1940, mais aucun ne fut mis en chantier. L’achèvement des premiers était prévu en 1942, et celle des seconds en 1943-44.
Globalement, ils reprenaient les caractéristiques des Mogador, mais ils étaient toutefois un peu plus grands et plus larges, leur coque renforcée, 6 tubes lance-torpilles en deux bancs axiaux, une DCA supérieure, des canons du modèle 34 amélioré, une puissance supérieure avec chauffe plus rapide et une plus grande autonomie.
Spécifications techniques
Déplacement | 3 000 t. standard -3 900 t. à pleine charge |
Dimensions | 139 m long, 13 m large, 4,6 m de tirant d’eau |
Machines | 4 hélices, 4 turbines Rateau-Bretagne, 4 chaudières Indret, 100 000 cv. |
Vitesse maximale | 40 nœuds |
Blindage | Aucun |
Armement | 8 pièces de 140 mm (4×2), 8 de 37 mm (4×2), 12 mitrailleuses de 13,2 mm AA, 6 TLT 550 mm (2×3) |
Équipage | 270 |
Torpilleurs classe « Le Fier »
Les La Melpomène de 1935-37 étaient jugés trop modestes pour effectuer des missions d’escorte efficacement. Le faible tonnage alloué à ces navires les pénalisait. De fait, on commença à réfléchir en 1937 à un design agrandi permettant de corriger les défauts de cette classe. Les « Le Fier » furent donc commandés aux chantiers de la Loire et de Bretagne, et leur construction entamée en 1940 pour les quatre premiers en 1942 pour les deux autres. La construction d’un septième, le Breton, fut abandonnée en juin 1940. Capturés par les Allemands, renommés Ta1 à 6, ils ne furent jamais achevés (les sabotages étaient pratiqués par les ouvriers qui retardèrent leur construction). Tous furent plastiqués le 11 août 1944. Les spécifications précisaient 18 unités pour la première série, et une autre de 24 pour 1944-45. Ils se caractérisaient par leur artillerie groupée à l’arrière.
Spécifications techniques
Déplacement | 1010 t. standard -1337 t. à pleine charge |
Dimensions | 95 m long, 9,40 m large, 3,25 m de tirant d’eau |
Machines | 2 hélices, 2 turbines Rateau-Bretagne, 3 chaudières Indret, 30 800 cv.. |
Vitesse maximale | 33 nœuds |
Blindage | Aucun |
Armement | 4 pièces de 100 mm (2×2), 8 mitrailleuses de 13,2 mm AA, 4 TLT 550 mm (2×2) |
Équipage | 136 |