Royaume-Uni, 1918

Croiseur de bataille

Le Hood est resté aussi célèbre que son vainqueur, le redoutable Bismarck. Une célébrité qui ne doit rien à son palmarès (terminé juste après la fin de la grande guerre, il ne vit jamais le feu avant 1939, et fut coulé à son premier engagement), mais au fait qu’il personnifiait à lui seul la Royal Navy. Il porta en effet l’Union Jack dans tous les ports du monde, et fut l’ambassadeur d’acier du vieil empire durant toute l’entre deux guerres. Il incarnait la fierté de la marine et la fierté de son pays. Sa disparition soudaine frappa durement les esprits, y compris dans les milieux populaires, le Hood ayant suscité un attachement irrationnel de l’homme de la rue.

 

Le Hood tel qu'il se présentait en mai 1941

Le Hood tel qu’il se présentait en mai 1941

Faut-il voir ces raisons dans ses dimensions et son déplacement hors-normes? En effet, lorsqu’il est lancé en août 1918, c’est le plus grand navire de guerre du monde. La presse populaire va d’ailleurs très vite le surnommer « mighty hood », confondant taille et puissance de feu. Un titre qu’il allait conserver jusqu’à l’apparition de monstres tels que, justement, son bourreau le Bismarck, mais aussi les cuirassés rapides de la nouvelle génération, dont le monstrueux Yamato, approchant des 70 000 tonnes.

La genèse du Hood remonte à 1915, avant la fameuse bataille de Jutland, lorsque l’amirauté cherchait un successeur à ses dreadnoughts rapides de la classe Queen Elisabeth. On pensait alors à un navire du même type, mais beaucoup plus grand et mieux protégé, notamment contre les submersibles. On envisageait également un calibre de 406 mm et ultérieurement de 457 mm. L’Amiral Jellicoe, chaud partisan des croiseurs de bataille (la « cavalerie » de la flotte), trouva un écho dans l’amirauté et le projet fut modifié en conséquence, allant dans le sens de la création d’un navire de ligne pouvant porter l’artillerie d’un Queen Elisabeth, tout en ménageant une excellente protection contre les submersibles et en maintenant une vitesse de plus de 32 nœuds. Ces études aboutirent à la classe Hood, comprenant également les Rodney, Howe et Anson. Ils furent mis sur cale dans divers chantiers en 1916. La survenance de la bataille du Jutland et sa conclusion sans appel pour les croiseurs de bataille Britanniques mit fin au programme: Les trois jumeaux du Hood furent annulés mais ce dernier servirait de prototype pour de futures unités. On modifia les plans en digérant les leçons de cette bataille et on posa une nouvelle quille.

Le Hood fut ainsi construit à John Brown, lancé le 22 août 1918 et achevé en mai 1920. Par son déplacement, il montrait à la fois une voie à suivre et les limites à définir pour juguler l’escalade. Ce fut l’une des raisons du traité de Washington. Avec ses 42 000 tonnes le Hood dépassait en effet la limite de 35 000 tonnes allouée pour un navire de ligne à partir de 1922. Pourtant, le Hood faisait figure de dinosaure en 1939: En sacrifiant sa protection à la vitesse, il devenait une proie facile pour cette nouvelle génération de cuirassés rapides qui s’annonçait, réconcilia justement ces aspects contradictoire, grâce, notamment aux progrès dans la sidérurgie, de l’ingénierie dans l’étude de la balistique et d’une répartition optimisée du blindage, du rendement des turbines et chaudières modernes, qui permettaient à ces pachydermes de se mouvoir vélocement, et bien entendu aux progrès dans la télémétrique, comme le prouva de manière aussi brutale sa confrontation avec le Bismarck.

Le Hood, symbole naval, incarnation prestigieuse de la Couronne sur les sept mers, ne pouvait être touché. Il ne reçut donc jamais la refonte dont il aurait grandement tiré parti. Son armement fut en revanche légèrement modifié, il y gagna une artillerie AA, et y perdit son artillerie secondaire de 12 pièces de 140 mm, laquelle à l’origine avait été non placée en barbettes comme ses prédécesseurs mais haussée sur le pont principal et protégée par des boucliers.

Lors de la première sortie du Bismarck en mer du Nord, accompagné du Prinz Eugen, un croiseur lourd, lequel lui ressemblait beaucoup, Churchill mesura toute la menace qui pesait sur le trafic allié. le Bismarck était le corsaire type, mais du genre « intouchable ». Il pouvait détruire convois et escorte avec une grande facilité et constituait donc une des cartes maîtresses d’Hitler au moment où il envisageait toujours de faire plier Albion. Contre cet orgueil du IIIe Reich, l’amirauté ne pouvait faire autrement que de lui barrer la route avec les unités sont elle disposait dans l’urgence: Et ce furent le Hood et le Prince of Wales. Sur le papier, un grand navire de guerre symboliquement chargé d’invincibilité et un cuirassé rapide flambant neuf . La suite de l’histoire est connue: Dès les premières salves (car le Hood tira aussi sur le Bismarck sans parvenir à le toucher), un seul obus de 380 mm du cuirassé Allemand en trajectoire hautement parabolique vu la distance, entra comme dans du beurre dans les ponts du Hood et termina sa course dans l’un des magasins à munitions. Une gerbe de feu équivalent à deux fois et demi sa hauteur fut visible à des kilomètres par les matelots du Bismarck et du Prince of Wales qui en firent le croquis ultérieurement. L’instant d’après, les deux moitiés du Hood sombraient dans l’Atlantique Nord. Par ces températures, la messe était dite pour l’équipage: Il n’y eut que deux survivants.

 

Spécifications techniques

Déplacement 42 670 t. standard -45 200 t. Pleine Charge
Dimensions 262,1 m long, 31,7 m large, 8,7 m de tirant d’eau.
Machines 4 hélices, 4 turbines Brown-Curtis, 24 chaudières Yarrow, 144 000 cv.
Vitesse maximale 31 nœuds
Blindage Ceinture 300 mm, réduit central de 130 mm, tourelles 380 mm, blockhaus 280 mm, ponts 100 mm max
Armement 8 pièces de 381 (4×2), 14 de 102 (7×2), 8 de 40 mm AA, 1 lance-roquettes
Équipage 1 477