Royaume-Uni, 1939
Cuirassés rapides
Les cuirassés rapides Britanniques furent construits entre deux périodes séparées par presque quinze années: Les deux Nelson furent lancés en 1925, les KGV le furent en 1939-40. Un période qui fut mise à profit pour étudier les meilleures solutions et expérimenter largement les deux premiers navires. Ils étaient bâtis en fonction non plus du traité de Washington, qui était toujours en vigueur, mais de celui de Londres en 1935, l’accord naval Anglo-Britannique définissant des limites de 35 000 tonnes pour un navire de ligne, respectées par les deux Scharnhorst du IIIe Reich en 1936 et rapidement oubliées pour les deux Bismarck en 1940.
Sur le plan de l’armement principal, ces cinq navires reprenaient la solution d’une artillerie plus classiquement répartie entre l’avant et l’arrière, et adopta les tourelles quadruples développées par les Français sur leurs Dunkerque. Le « Wait and See » cher aux Britanniques explique cette construction tardive, mais au demeurant profitable. Les KGV avaient donc une artillerie répartie entre deux tourelles quadruples (une avant, une arrière) et une tourelle double avant, de pièces de 356 mm, de nouveaux modèles qui causèrent quelques soucis à leurs canonniers. L’artillerie secondaire faisait appel au nouveau standard de 133 mm en affût double, qui se révélera trop lent pour servir efficacement de DCA. Celle-ci était avant tout assurée par excellents Bofors 40 mm en affûts octuples (32 en tout). Ces bâtiments, mis en chantier en 1937 sur six sites différents, furent lançés entre 1939 et 1940 et terminés, le King Georges V en Décembre 1940, le Prince Of Wales en Mars 1941, le Duke Of York en novembre 1941, l’Anson en juin 1942 et le Howe en août 1942. Les deux derniers, mis en chantier en 1937, devaient s’appeler au départ Jellicoe et Beatty en référence aux deux amiraux Anglais de la guerre de 1914-18, mais ils furent débaptisés sur l’insistance personnelle de Winston Churchill, qui avait fort peu apprécié leur conduite des opérations lors de la bataille du Jutland, lorsque lui-même était déjà le premier Lord de l’Amirauté…
Leur artillerie AA fut largement renforcée, par des affûts quadruples « pom-pom » (Bofors 40 mm), jusqu’à 4 supplémentaires, portant le total à 64, à des affûts doubles et simples, et à une cinquantaine de 20 mm Oerlikon. Ils emportaient deux hydravions Walrus, retirés en 1943-44.
Leur carrière fut très active, les deux de la classe premiers étant les plus connus. Le King Georges V participa avec le Prince Of Wales fraîchement terminé, à la poursuite du redoutable Bismarck en mai 1941. Ce dernier faillit d’ailleurs en périr en compagnie du Hood et ne dut son salut qu’à une manœuvre d’éloignement sous les fumigènes. Son destin sera scellé en extrême-Orient: Portant la marque l’amiral Philips et accompagnant le Repulse, la Force « Z » envoyée en renfort à Singapour, il fut coulé par les bombardiers Nippons le 10 décembre 1941, à sa première sortie contre la flotte Japonaise après son arrivée. Un nouveau coup dur pour les alliés, qui laissait les mains libres à Tojo pour ses conquêtes. Parmi les raisons qui expliquent ses difficultés lors du combat mené contre le Hood on retiendra l’extrême impréparation de ses canonniers, puisque lorsque le POW appareilla en urgence pour se joindre au Hood, il embarqua également les ingénieurs civils chargés des derniers essais de fiabilité technique des tourelles, dont la peinture était encore fraîche… En décembre 1941, les choses n’avaient guère progressé, et les canons de 113 mm de sa DCA se révélèrent trop lents et furent incapables d’arrêter les avions.
Le King Georges V participa à de nombreuses missions d’escorte et affronta le Bismarck, et d’autres unités de la Kriegsmarine. L’éperon n’était plus depuis 1914 inclus comme arme dans le dessin des coques, et pourtant ce cuirassé coula de cette manière un U-Boote imprudemment remonté en surface.
Le Duke of York prit lui aussi une part active dans les combats de l’Atlantique Nord, garantissant ceux-ci d’une éventuelle sortie du Tirpitz, du Scheer, du Lützow, du Scharnhorst ou du Gneisenau basés en Norvège ou à Kiel en baltique. Les 4 navires survivants furent tous démolis en 1957.
Les successeurs des KGV furent définis sur plans dès 1938. Il s’agissait de la classe Lion, comprenant les Lion, Temeraire, Conqueror et Thunderer, dont les deux premiers furent mis en chantier en juin et juillet 1939, prévus pour un achèvement en 1944-45. Copies fidèles des premiers, ils cédaient la place de leur tourelle double avant à une quadruple, portant l’ensemble à 12 pièces de 356 mm, pour un déplacement en charge de 46 000 tonnes. Mais ils furent annulés peu après, devant l’urgence de disposer d’escorteurs plus modestes. (Voir projets). Quand au Vanguard, il fut mis en chantier en octobre 1941 avec les pièces des croiseurs de bataille Glorious et Courageous, lancé en novembre 1944, et achevé finalement en août 1946, à une époque ou les cuirassés étaient condamnés à disparaître.
Spécifications techniques
Déplacement | 36 727 t. standard -42 000 t. Pleine Charge |
Dimensions | 227,07 m long, 31,4 m large, 8,84 m de tirant d’eau |
Machines | 4 hélices, 4 turbines Parsons, 8 chaudières Admiralty, 110 000 cv. |
Vitesse maximale | 28 nœuds |
Blindage | Ceinture 380 mm, réduit central de 305 à 112 mm, tourelles 330 mm, blockhaus 112 mm |
Armement | 10 pièces de 356, 16 pièces de 113 mm, 32 de 40 mm AA Bofors, 2 avions |
Équipage | 1 422 |