En 1913, la Manufacture Française d’Armes et de Cycles de Saint-Étienne a rapidement compris que l’ère des revolvers de type Bulldog et Vélodog était révolue avec l’arrivée du pistolet FN Herstal 1900. Dès 1912, sous l’initiative d’Étienne Minard, directeur de l’entreprise, elle a décidé de moderniser son offre en fabriquant un pistolet semi-automatique moderne.

L’entreprise stéphanoise a ainsi conçu un pistolet résolument moderne, chambré dans les calibres les plus populaires de l’époque : le 6,35 mm (.25 ACP) et le 7,65 mm court (.32 ACP). Les pistolets « Le Français » avaient plusieurs avantages par rapport à la concurrence :

  • Ils étaient solides et bien fabriqués, et comme les revolvers, ils n’étaient disponibles qu’en double action. Grâce au poids de pression plus élevé, ils offraient une sécurité supplémentaire par rapport aux pistolets à simple action, qui avaient une pression plus légère.
  • Le canon pivotait vers le bas et la partie supérieure de la culasse vers le haut lorsqu’on appuyait sur le bouton de libération, ce qui permettait de charger une cartouche sans avoir à manipuler la culasse. Cet avantage facilitait l’utilisation pour tous, hommes ou femmes, sans nécessiter une force excessive pour tirer la culasse vers l’arrière.

Après le tir, la culasse non calée reculait, et le ressort récupérateur ramenait la culasse vers l’avant. Dans son mouvement, la culasse introduisait une nouvelle cartouche du chargeur dans le canon, complétant ainsi le cycle jusqu’à épuisement des munitions du chargeur.

Le marché de l’autodéfense était en plein essor depuis la Belle Époque. Certains officiers achetaient officieusement ce pistolet comme arme secondaire en plus de leur arme réglementaire durant la Grande Guerre. Le pistolet « Le Français » était également prisé par les pilotes d’avion, dont Roland Garros.

Lors de l’appel d’offres de 1921 pour un nouveau pistolet réglementaire dans l’armée française, l’entreprise avait analysé les rapports militaires sur divers pistolets, notamment les essais des pistolets Mannlicher 1901. Pour satisfaire les exigences militaires et remporter l’appel d’offres, elle a conçu un pistolet semi-automatique moderne avec les caractéristiques recherchées par les militaires.

Il s’agissait du modèle dit de « guerre » en calibre 9 mm Browning Long (9×20 mm SR), une munition jugée satisfaisante pour un usage militaire, pouvant être utilisée dans des culasses non calées. De plus, l’arme en double action fonctionnait comme un revolver. Après avoir produit deux prototypes pour la commission et face aux hésitations des autorités françaises à adopter une nouvelle arme de poing, l’entreprise de Saint-Étienne se désengagea de l’appel d’offres et décida de se concentrer sur le marché civil.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, de nombreux officiers et soldats achetèrent le pistolet « Le Français » pour leur défense, le rendant assez courant. Son gabarit en faisait une arme privilégiée des mouvements de résistance. La version « Policeman », avec un canon allongé, fut adoptée par l’Office national des forêts.

Son descendant direct est le Beretta Bobcat.

 

 

 

Spécifications techniques

Fonctionnement Culasse non calée, double action uniquement
Calibre 7,65 mm
Munition 7,65×17 mm (.32 ACP)
Cadence de tir 50 coups/min
Capacité 8 cartouches
Portée 50 m
Masse 0,340 kg
Longueur 110 mm
Longueur du canon 60 mm
Vitesse initiale 280 m/s

 

Merci à Alves Eric pour sa contribution