Afin de remplacer ses armes de poing à percussion, l’Empire ottoman, après avoir observé les révolvers Smith & Wesson n°3 utilisés par leurs ennemis russes, décida d’acheter le même modèle, mais avec des spécifications propres à ses besoins. Ces revolvers devaient tirer la même munition que leurs fusils Winchester 1866, à savoir la cartouche .44 Henry, une munition à percussion annulaire de calibre 11 mm, pesant 13 grammes, et atteignant une vitesse de sortie de 240 m/s. Cette cartouche, bien connue pour son efficacité durant la guerre de Sécession et la guerre franco-prussienne, avait fait ses preuves sur le champ de bataille.
Au départ, Smith & Wesson adapta des revolvers n°3 déjà disponibles sur les marchés américain et russe pour les rendre compatibles avec la percussion annulaire. Une seconde série de revolvers fut ensuite produite spécifiquement pour répondre aux exigences de l’Empire ottoman. Ces achats se déroulèrent sur une période de dix ans, entre 1874 et 1883, pour un total d’un peu moins de 10 000 exemplaires.
Les revolvers furent d’abord distribués aux officiers. Lorsque ceux-ci furent équipés de pistolets automatiques, ces revolvers furent attribués aux sous-officiers et restèrent l’arme de poing officielle de l’Empire ottoman jusqu’à la Première Guerre mondiale. Après la guerre gréco-turque, les revolvers furent affectés à la gendarmerie et aux forces de police dans les régions les plus reculées de la Turquie, jusqu’aux années 1950.
Le revolver Smith & Wesson n°3 est une arme à la croisée de la tradition et de la modernité. Sa modernité résidait dans son mécanisme de brisure, permettant une éjection collective des douilles. Cependant, son mécanisme à simple action rappelait une tradition, alors que la majorité des revolvers européens (excepté l’Allemagne avec le Reichsrevolver) étaient déjà à double action. Ce choix offrait une platine robuste et durable, mais au détriment d’une cadence de tir plus rapide et d’une plus grande facilité pour le tir instinctif à courte portée.
Concernant la munition, alors que la plupart des puissances de l’époque avaient abandonné les munitions à percussion annulaire au profit de la percussion centrale, plus fiable et capable de supporter des pressions plus élevées, l’Empire ottoman resta fidèle à la .44 Henry, compatible avec ses fusils Winchester. La cartouche était puissante, mais ses limites techniques étaient atteintes en raison de la faiblesse inhérente des douilles en laiton, qui devaient être suffisamment souples pour être percutées. Winchester développa plus tard une version améliorée, la .44-40, avec un système de percussion centrale pour pallier ces limitations.
Spécifications techniques
Fonctionnement | Simple action |
Calibre | 11 mm |
Munition | .44 Henry |
Cadence de tir | 25 coups/min |
Capacité | 6 cartouches |
Portée | 50 m |
Masse | 1,16 kg |
Longueur | 300 mm |
Longueur du canon | 165 mm |
Vitesse initiale | 240 m/s |