Allemagne

Date : 20 juillet 1944.

 

Le Führer est blessé, mais pas tué

C’est dans la salle des cartes de la Tanière du loup (« Wolfsschanze »), camp retranché au fin fond d’une forêt de Prusse-Orientale, que Hitler échappa à un grave attentat. Celui-ci écoutait le rapport pessimiste du général Heusinger, relatant la situation sur le front russe, loupe en main, quand une violente déflagration dévasta la salle.

À quelques centaines de mètres de là, le colonel Klaus von Stauffenberg jeta un coup d’œil à sa montre. Il était exactement 12h42. Le colonel, qui se trouvait avec le Führer quelques minutes auparavant, pensait pouvoir se féliciter d’une mission bien remplie. La mort du dictateur paraissait certaine.

 

Hitler et Mussolini constatent les dégâts dans la chambre des cartes

Hitler et Mussolini constatent les dégâts dans la chambre des cartes

Von Stauffenberg, 37 ans, avait mis à exécution un projet concocté de longue date par des généraux allemands déterminés à éliminer Hitler et à sauver l’honneur de l’Allemagne. Il réussit à franchir les postes de contrôle et à rejoindre l’avion qui l’attendait. À 13h15 il décollait pour Berlin, où l’attendaient ses complices. Après 3 heures de vol, von Stauffenberg se rendit immédiatement au ministère de la Guerre, qu’il s’attendait à trouver en pleine effervescence. Tel n’était pas le cas. Comme prévu, les comploteurs avaient bien reçu le coup de téléphone attendu d’un complice à Rastenburg, mais la communication étant mauvaise, les nouvelles étaient confuses. Ils n’étaient pas bien certains que Hitler fut bien mort.

 

Hitler constate les dégâts

Hitler constate les dégâts

Bientôt, les comploteurs durent déchanter : Hitler était blessé mais bien vivant. La serviette piégée que von Stauffenberg avait déposée sous la table avait été malencontreusement déplacée par l’un des officiers présents. Le bilan s’élevait à quatre morts. Quant aux soupçons, ils portèrent rapidement sur von Stauffenberg, qu’un sergent avait vu glisser la bombe sous la table. Il fallut quelques heures à Hitler pour se rendre compte de l’étendue du complot. Les deux tympans percés, le bras droit temporairement paralysé et les jambes brûlées, Hitler reprit ses esprits et accueillit Mussolini, en visite à Rastenburg, lui aussi rescapé d’un récent coup d’État. Le Führer lui montra le lieu de l’explosion, quatre heure à peine après l’attentat.

 

La composition du gouvernement fantôme

Les conspirateurs s’apprêtaient à remplacer le Führer à la tête du gouvernement par le général Ludwig Beck, ancien chef d’état-major des armées, qui avait démissionné en 1938 pour protester contre les projets de Hitler. Carl Goerdeler, ex-maire de Leipzig, devait prendre le poste de chancelier, avec Wilhelm Leuschner, ex-dirigeant des syndicats, comme vice-chancelier.

 

Le colonel-comte Klaus von Stauffenberg

Le colonel-comte Klaus von Stauffenberg

À Rommel devait échoir le poste de commandant en chef des armées, et à Ulrich von Hassel, ambassadeur à Rome avant la guerre, celui de ministre des Affaires étrangères. Des douze ministres choisis, seuls deux, Beck et Rommel, étaient des militaires de carrières.

 

Von Stauffenberg, l’auteur de l’attentat

L’auteur de l’attentat n’était pas, au départ, opposé au régime nazi. Entré parmi les premiers à l’Académie de la guerre de Berlin en 1936, Klaus von Stauffenberg avait été promu officier d’état-major deux ans plus tard. Il devait s’interroger sur la politique menée par le Führer dès les premiers pogroms et son opposition ne fit que croître à la vue des atrocités commises par les SS en Russie. Grièvement blessé en Tunisie, où il perdit l’œil gauche et la main droite, Stauffenberg avait déclaré à sa femme : « Je sens maintenant que je dois faire quelque chose pour l’Allemagne. Nous autres, officiers, devons prendre nos responsabilités. »

 

Le général Ludwig Beck

Le général Ludwig Beck

 

Source : Catherine et Jacques Legrand dir. Chronique de la Seconde Guerre mondiale. Éditions Chronique, novembre 2002