Belgique

Dates : 10 – 11 mai 1940.

 

Les Allemands avaient pour but de contrôler tous les ponts qui franchissent le canal Albert pour permettre l’offensive du groupe d’armées B de Von Bock. Le lieutenant Rudolph Witzig, commandant du groupe Granit du détachement aéroporté du capitaine Koch devait attaquer la garnison d’Eben-Emael commandée par le major Jottrand.

Pour leur offensive, les Allemands avaient engagés 84 sapeurs, qui étaient transportés par 11 planeurs. Le fort abritait 1 200 hommes, qui disposaient de canons de 120 et 75 mm, de canons antichar et de mitrailleuses. Le canal Albert, qui reliait la Meuse à Anvers, avait été achevé en 1939 et constituait la première ligne de défense belge. Il traversait la montagne Saint-Pierre en passant par la tranchée de Caster, qui était d’une longueur de 1 300 mètres et d’une profondeur de 65 m, pour finalement rejoindre le canal de la Meuse à Maastricht, face à la «trouée de Visé».

Liège se trouvait à 20 kilomètres vers le sud et Maastricht à quatre kilomètres vers le nord-est du fort d’Eben-Emael qui fut construit de 1932 à 1935.

 

Une des casemates du fort d'Eben-Emael

Une des casemates du fort d’Eben-Emael

La défense Belge

La stratégie de défense belge reposait sur un système de fortifications et sur des lignes de défense comme la Meuse et le canal Albert. Le fort d’Eben-Emael avait pour objectif d’obstruer la « trouée de Visé » et d’empêcher le franchissement du canal Albert sur quatre ponts. : au sud celui de Lanaye, au nord ceux de Canne, Vroenhoven et Veldwzelt. Le fort avait la forme d’un triangle isocèle et couvrait 75 hectares. Il était enterré sous la montagne Saint-Pierre et avait été construit sur trois niveaux, chaque bloc était séparé par des portes hermétiquement closes.

Le fort était protégé par deux batteries, la première regroupait les coupoles nord et sud, 4 casemates possédant chacune trois canons de 75 mm, et la deuxième comprenait les blocs I,II,IV,V,VI, le canal nord et le canal sud constituant l’enceinte extérieur du fort. Le tout était muni de canons à longue portée (ceux de 120 mm avaient une portée de 17,5 km et ceux de 75 mm avaient une portée de 11 km), de mitrailleuses, de cloche blindée d’observation et de projecteurs. Le fort était composé de 17 blocs et était desservi par 1 200 hommes dont 500 artilleurs et 200 hommes chargés des détails techniques.

 

Le bataillon allemand qui s'est emparé du fort d'Eben-Emael reçoit des médailles

Le bataillon allemand qui s’est emparé du fort d’Eben-Emael reçoit des médailles

Une offensive simultanée sur la Belgique, Hollande et les Pays Bas

Hitler voulait attaquer la France juste après sa victoire contre la Pologne, mais le mauvais temps le força à repousser cette attaque jusqu’en 1940. Le plan établi par l’état-major allemand était grandement inspiré du plan Schlieffen de 1914: les Panzerdivisions du groupe d’armées B devaient lancer l’assaut principal dans les plaines de la Belgique, tandis que le groupe d’armées A ferait diversion dans les Ardennes et que le groupe d’armées C immobiliserait les troupes françaises de la ligne Maginot. Cependant, des espions alliés parvinrent à rapporter ce plan à leur état-major, ce qui contraint Hitler d’adopter le plan du chef d’état-major du G. A. A. : Erich Von Manstein. Ce plan, aussi appelé « plan jaune » consistait à inverser les rôles des groupes d’armées B et A. Le premier devait désormais aller en Belgique et en Hollande pour y attirer les meilleures armées alliées tandis que le second, précédé de divisions blindées, traverserait la Meuse au débouché des Ardennes pour prendre les Britanniques à revers. Hitler allait réutiliser la stratégie victorieuse de la Blitzkrieg, pour se faire il allait engager en première ligne 3 500 appareils de la Luftwaffe, dix Panzerdivisions (2 600 chars), 4 500 parachutistes et une division aéroportée.

Le 10 mai 1940, les 30 divisions du groupe d’armées B attaquèrent la Belgique et la Hollande. Aux Pays-Bas, la XVIIIe armée allemande infiltrait le pays tandis que les aérodromes et les centres de communication hollandais se faisaient pilonner par la Luftwaffe. 4 000 parachutistes furent largués sur Rotterdam, ils furent rejoint le 13 mai par la 9e Panzer qui avait réussi sa percée dans le sud. Le 15 mai 1940, l’armée hollandaise capitulait.

 

Un général allemand félicite les soldats qui ont pris le fort

Un général allemand félicite les soldats qui ont pris le fort

En Belgique, la Wehrmacht ne disposait que de 200 parachutistes du groupement du capitaine Koch. La VIe armée allemande, située entre Anvers et Namur, devait neutraliser les ponts et les forts du canal Albert et de la Meuse pour pouvoir progresser jusque dans la plaine belge et y attirer les troupes franco-britanniques.

Pour l’attaque, les hommes de Koch furent divisés en quatre groupes: le premier groupe (nom de code : »Stahl », « acier ») comprenait neuf planeurs et devait prendre le pont de Veldwezelt. Le deuxième groupe devait s’emparer du pont de Vroenhoven, (nom de code : « Konkret », « béton »). Le troisième était fort de 10 planeurs et devait prendre le pont de Canne, le nom de code de celui-ci était « Eisen » (fer). Le dernier groupe, baptisé « Granit », formé de 11 planeurs et de 84 sapeurs, était chargé de prendre le fort d’Eben-Emael. Pour cette mission, les armes de prédilection étaient le lance-flamme, les grenades, les charges creuses et les armes légères.

 

L’attaque du fort

Ce fort, presque entièrement enterré, avait une multitude de galeries souterraines et comptait plus de vingt canons lourds, d’armes antichar et de mitrailleuses. Il était inatteignable par voie terrestre, mais la plate-forme supérieure n’offrait aucune protection contre les attaques aériennes.

L’alerte retentit dans le fort à minuit et demi et la confirmation de l’attaque fut reçue à trois heures du matin. Le 10 mai 1940, quelques minutes avant le déclenchement de l’offensive générale, les planeurs du groupe Granit se posèrent sur le fort et les sapeurs s’emparèrent en dix minutes des afflux de mitrailleuses, neutralisèrent la plupart des canons, firent sauter les postes d’observation (ainsi que les galeries supérieures) et enfumèrent les gaines d’aération.

Les casemates d’infanterie mi-nord, mi-sud et les blocs d’artillerie orientés vers le nord ainsi que le bloc IV furent neutralisés en moins d’une demi-heure. Grâce à l’appui des Stukas ils purent résister aux attaques de la 7e division belge. Toutes les tentatives de l’armée belge afin de déloger les Allemands échouèrent (ces attaques venaient entre autres des forts de Pontisse, Barchon et Evegnée). Le 11 mai, à sept heures du matin, le bataillon de pionniers 51 rejoignit les parachutistes qui s’étaient emparés des ponts de Veldwezelt et de Vroenhoven. Les troisième et quatrième divisions Panzers prirent la direction de Tongres. La garnison belge se rendit le 11 mai 1940 à 12 h 30.

 

Bilan humain

Cette bataille coûta aux Allemands six hommes et 15 blessés, tandis que les Belges dénombrèrent 23 tués et 59 blessés. Tous les survivants furent faits prisonniers et envoyés aux camps de Fallingbostel, en Allemagne. Cette opération permit la neutralisation du fort, la prise de deux ponts intacts sur le canal Albert et la percée de la VIe armée allemande en Belgique.