Hollande

Dates : 17 – 26 septembre 1944.

 

Le débarquement du 6 juin 1944 sur les côtes normandes fut un succès, l’avance des troupes alliées s’effectuait sur un rythme assez soutenu, malgré des baisses de régime temporaires. L’état major espérait secrètement pouvoir terminer la guerre avant la fin de l’année. Pour cela il faudrait lancer une offensive quasi-générale. Montgomery, commandant du XXIe groupe d’armées, souhaitait une telle attaque. Il la voudrait dirigée vers le nord pour permettre la libération de la Belgique et de la Hollande. Cette offensive aurait aussi l’avantage de contourner la ligne Siegfried et de frapper le cœur de l’Allemagne. Par contre, les généraux américains Patton et Bradley préféraient poursuivre la bataille en cours, c’est à dire exploiter les brèches vers la Sarre. Eisenhower prit la solution intermédiaire. L’opération « Market Garden » venait de naître : le plan imaginé par Montgomery avait été sélectionné par le SHAEF.

Le but de cette opération était de parachuter des troupes à l’est des Pays-Bas, non loin d’Eindhoven, à Arnhem. Pendant ce temps, le XXXe corps du général Horrocks, fer de lance de la IIe armée britannique, devait créer une brèche puis foncer en direction des parachutistes afin que cette dernière se transforme en couloir.

 

Carte de l'opération Market Garden

Carte de l’opération Market Garden

Les paras devaient s’emparer des ponts qui traversaient la Meuse, l’Aa et différents canaux hollandais ainsi que deux bras du Rhin. Si cela fonctionnait, les blindés auraient un accès direct à la Ruhr. Le plan fut présenté le 10 septembre à Eisenhower, qui l’approuva.

La 101ème division aéroportée américaine du général Taylor, la 82ème de Gavin et la 1ère division parachutiste anglaise du général Urquhart furent mobilisées pour le plus grand assaut aéroporté de tous les temps. Ce dispositif était complété par une brigade parachutiste polonaise du colonel Sosabowski, le tout sous les ordres du général anglais Browning. Le but était simple, les paras devaient être largués autour de ponts vitaux, ces derniers devant être pris intacts par les Alliés parachutés qui devaient attendre la venue du XXXe corps.

 

Des parachutistes largués à 13 Km d'Arnhem

Des parachutistes largués à 13 km d’Arnhem

Ce dernier devait percer les lignes allemandes pour rejoindre Eindhoven, Nimègues et Arnhem. Les paras anglais avaient une tâche ardue. En effet, ils étaient au bout de la chaîne. Ils devaient, à Arnhem, attendre l’arrivée du XXXe corps. On leur avait promis une attente maximum de deux, voire trois jours. C’était énorme pour des soldats qui venaient de sortir du débarquement, même pour des troupes d’élites. Avec rien que du matériel léger, sans blindés ni d’artillerie… Mais le QG valida les plans. Pourvu que ce pont ne soit pas trop éloigné.

Le 10 septembre, les objectifs étaient clairs. La 101ème devait prendre les ponts du canal Wilhelmine et du canal Zuid Willens. Les hommes de la 82ème devaient contrôler les ponts de Grave et de Nimègue.

 

Parachutistes alliés atteignant le sol

Parachutistes alliés atteignant le sol

Pour conclure, la 1ère division parachutiste anglaise avait pour tâche de s’emparer du pont d’Arnhem. Par la suite, la 52ème division écossaise aéroportée devait être mise à terre à côté d’Arnhem sous la condition que le XXXe corps ai percé et qu’il ai pu construire un terrain d’atterrissage. Premier point noir, les zones de saut prévues pour les hommes du général Urquhart étaient assez éloignées du pont lui même. De plus, faute d’un nombre suffisant d’appareils de transport, la 1ère division aéroportée anglaise ne sera pas au complet le premier jour. Seul un tiers des effectifs fut largué au début de l’opération.

 

Le pont d'Arnhem

Le pont d’Arnhem

Mais la priorité fut donnée aux divisions américaines, car tenir Arnhem ne servait à rien si les ponts précédents n’étaient pas pris et tenus pour que le XXXe corps puisse passer. La division blindée de la Garde du Major Général Adair devait foncer vers le Nord pour faire la jonction avec les paras de la 101ème puis avec ceux de la 82ème américaine.

Du côté allemand, le général Model, commandant le groupe d’armées B, venait de recevoir en renfort la 1ère armée parachutiste et deux divisions SS, « Hohenstaufen' » et « Frundsberg ». Ces deux divisions étaient sous les ordres du général Bittrich car elles étaient intégrées au corps blindés SS. Le PC de Bittrich était d’ailleurs proche d’Arnhem. La résistance hollandaise confirma les photos aériennes : des blindés en nombre assez important étaient présents dans les alentours d’Arnhem. Mais Montgomery refusa de remettre à plus tard le projet qu’il chérissait depuis longtemps.

 

Des parachutes laissés au sol

Des parachutes laissés au sol

Le dimanche 17 septembre, après des bombardements d’importance, les premiers paras furent largués, les premières vagues tombèrent près du QG du général Model, qui dut l’évacuer. Mais un planeur américain transportant des troupes fut abattus et les Allemands découvrirent, sur le corps d’un officier américain, tous les plans de l’opération Market-Garden. De suite, Bittrich donna ordre à ses deux divisions de bloquer l’accès au pont d’Arnhem. Les Anglais ne progressaient pas vite et avaient des problèmes radio : les liaisons ne passaient pas entre Arnhem et les zones de saut. À la tombée de la nuit du 17 septembre, les hommes du bataillon du colonel Frost arrivèrent à la hauteur du pont d’Arnhem. Pendant ce temps, au Sud, les Américains avaient pris le pont de Grave mais peinaient à capturer celui de Nimègue.

 

Dessin de soldats allemands à Arnhem (© Dragon-Mode)

Dessin de soldats allemands à Arnhem (© Dragon-Mode)

Par contre, les objectifs du général Taylor avaient tous été atteints. Les blindés des Irish Guards avaient eux aussi du mal à progresser. Ils étaient pris à partie par les paras allemands récemment arrivés. Le 18 septembre, la liaison fut établie entre le XXXe corps et les paras américains. Mais la progression avait été plus lente que prévue. La 1ère division aéroportée anglaise était maintenant au complet et heureusement car les Allemands tentaient sans interruption de reprendre Arnhem. Le 19, les premières unités du XXXe corps étaient à Nimègue. Mais à environ 15 kilomètres de là, les Anglais tenaient difficilement le nord du pont d’Arnhem. Le bataillon Frost avait transformé toutes les maisons en fortin.

 

Dessin de paras alliés devant le pont d'Arnhem

Dessin de paras alliés devant le pont d’Arnhem

Voyant l’échec se profiler, le général Urquhart décida de regrouper ses troupes, sauf celles de Frost, pour tenter de fixer les Allemands. Cela permettra peut-être d’aider les Anglais du XXXe corps et de soulager le colonel Frost.

Le 21 septembre, à déjà quatre jours du début de l’opération, le colonel Frost compta ses hommes. Ils étaient moins d’une centaine à tenir la sortie nord du pont d’Arnhem. Le réduit constitué par Urquhart ne pouvait rejoindre les Polonais de Sosabowski qui avaient été largués il y a peu de temps. Afin d’éviter une destruction totale de la première division aéroportée, le général Urquhart décida d’évacuer et essaya de rejoindre les lignes américaines du XXXe corps. Les 25 et 26 septembre, soit 9 jours après les premiers largages, les rescapés regagnaient les lignes alliées.

 

La ville d'Arnhem en 1930

La ville d’Arnhem en 1930

L’opération était un échec complet sur le plan des effectifs, mais un demi échec vis-à-vis les objectifs. Depuis ce temps, et en mémoire des diables rouges tombés, notamment ceux du colonel Frost, les paras anglais ont un ruban noir derrière leur béret. Le colonel Frost et ses hommes ont été des hommes d’honneurs, des combattants mais surtout des résistants. D’assiégeants, ils sont devenus assiégés. On leur avait dit 2 jours, ils ont tenu 9, pas 10.

 

La ville d'Arnhem en 1945

La ville d’Arnhem en 1945

 

Source : http://perso.wanadoo.fr/histoire-militaire/