URSS, 1915-52

Les croiseurs de bataille de la classe Borodino (1915)

Désignés par les ingénieurs du Tsar comme les plus puissants navires de guerre du monde à leur conception, ces quatre unités furent mises en chantier le même jour à Saint Petersbourg, le 19 décembre 1913. Avec 38 000 tonnes à pleine charge et 230 mètres de long, capables de filer à 26,5 nœuds et disposant de 12 pièces de 356 mm, ces navires furent les premier croiseurs de bataille conçus comme navires de supériorité absolue, et destinés à la flotte de la Baltique, contre leurs homologues Allemands. Ils intégraient de fait les derniers progrès en la matière, à la lumière de l’étude des unités qu’alignaient la Grande-Bretagne, l’Allemagne et le Japon.

Les premiers designs faisaient état de trois tourelles triples, et d’un pont continu, mais ces caractéristiques furent modifiées avec le temps, et ils adoptèrent une proue surélevée pour améliorer la tenue en mer. Leur blindage atteignait 240 mm par endroits, et sa répartition était largement supérieure à celle des Gangut. Elle était cependant moins aboutie que celle des navires Allemands. De plus, les ingénieurs avaient répété l’erreur de placer les barbettes sur des position trop proches des tourelles principales: A chaque salve de l’artillerie principale, leur propre tir aurait été déréglé. pour gagner du temps, les turbines étaient commandées à différents chantiers occidentaux, dont deux en Allemagne (Vulkan, Stettin) et deux autres en Grande-Bretagne (Parsons). Les Borodino furent lancés en 1915 (Borodino en juillet, Izmail en juin, Kinburn en octobre), et 1916 (Navarin en novembre). Dès ce lancement, la guerre retenait un grand nombre d’ouvriers mobilisés pour l’armée, et les chantiers se concentrèrent avec les ressources disponibles sur l’Izmail, le plus avancé. De fait, sa coque terminée, les travaux s’échelonnèrent lentement jusqu’en 1917, date de la révolution. À ce moment il était achevé à 85%.

Suspendu pendant la guerre civile, il attendit son heure. En 1931, le gouvernement soviétique décida de le sortir de son bassin pour le démolir, jugeant qu’elle n’avait pas les moyens de le terminer et que sa conception était dépassée, ne cadrant pas avec la politique de défense en vigueur.

L'Izmail , tel qu'il aurait pu apparaître à son achèvement en 1920

L’Izmail , tel qu’il aurait pu apparaître à son achèvement en 1920

Spécifications techniques

Déplacement 28 000 t. standard 32 500 t. à pleine charge
Dimensions 228,60 m long, 30,50 m, 10,20 m de tirant d’eau
Machines 4 turbines, 25 chaudières, 68 000 cv.
Vitesse maximale 26,5 nœuds
Blindage De 152 à 238 mm
Armement 12 canons de 356, 24 canons de 130, 8 canons de 76, 4 de 63, 4 ML 12,7mm AA, 6 TLT 533 mm SM
Équipage 1 250

 

Les cuirassés rapides de la classe Sovietsky Soyuz (1938)

En 1938, le plan quinquennal final, sous la direction expresse de Staline, incluait une flotte de 19 navires de ligne. Parmi ceux-ci des cuirassés rapides afin de succéder aux vieux dreadnoughts de la classe Gangut. Les Sovietsky Soyuz furent en fait définis à partir de l’autorisation du 21 janvier 1938 concernant une classe de 4 unités. Dès le départ, il était prévu de s’affranchir des limitations de Washington et du traité de Londres. C’est l’amiral Isakov qui supervisa le projet, récupérant les données d’une commande datant de 1936 aux chantiers Ansaldo. Les quilles furent posées, en 1938 pour les deux premiers, Soviestky Soyuz et Sovietskaya Bielorussia, et 1939 pour le Sovietskaya Ukraina. Le quatrième (Sovieskaya Rossiya) fut annulé lorsqu’il apparut rapidement que le projet demanderait de considérables ressources. De facto, sur plans, ces cuirassés atteignaient 65 000 tonnes à pleine charge, soit 13 000 de plus que le Bismarck contemporain. Ils étaient en fait plus proche d’un Yamato, bien que l’Union soviétique comme les occidentaux ignorait cependant l’existence de ce dernier, et aucun n’était d’ailleurs prévu pour la flotte du pacifique.

Chacun des trois devait en effet être affecté à une flotte, celle du nord (Polyarni), à la flotte de la baltique (Saint Petersbourg) et à Odessa pour la flotte de la mer noire, où ils auraient étés de redoutables adversaires. Il s’agissait de navires de supériorité navale, conçus avec des pièces d’un calibre et d’une portée les mettant à l’abri d’une riposte adverse. Les dangers de l’aviation n’étaient pas encore pleinement pris en considération, comme en témoignait les 8 mitrailleuses et 32 canons de défense légère.

Le Sovietskaya Rossiya, annulé en 1940 vit des parties de sa coque réutilisées pour construire la batterie flottante Netron Menya. Fin 1940, la coque des deux premiers était achevées à 75% lorsque l’on décida de suspendre les travaux. Avec l’arrivée des Allemands, les Russes en se retirant tentèrent de plastiquer les coques, mais en définitive, les dégâts furent peu importants. Les Allemands terminèrent le travail en 1940, faisant sauter la coque du Bielorussya. Le Soyuz et l’Ukraina furent partiellement démantelés, puis totalement après 1946. Comparés aux Iowa américains, il étaient nettement plus larges et plus lourds, mieux protégés (500 mm pour les tourelles) moins rapides également, bien qu’ayant une puissance disponible assez considérable (20 000 cv de plus que ces derniers).

Le Sovietsky Soyuz ( Union soviétique ) , tel qu'il aurait dû apparaître à son achèvement en 1941

Le Sovietsky Soyuz ( Union soviétique ) , tel qu’il aurait dû apparaître à son achèvement en 1941

Spécifications techniques

Déplacement 59 150 t. standard -65 150 t. à pleine charge
Dimensions 271 m long, 39 m large, 10,20 m de tirant d’eau
Machines 2 hélices, 2 turbines turbo-électriques, 231 000 cv.
Vitesse maximale 28 nœuds
Blindage De 220 à 480 mm
Armement 9 canons de 406, 12 canons de 150, 8 canons de 100, 32 de 37, 8 ML 12,7 mm AA, 4 avions
Équipage 1 250

 

Les croiseurs de bataille de la classe Kronstadt (1938)

Le plan quinquennal approuvé en 1938 incluait également plusieurs croiseurs de bataille. Or, depuis les Borodino de 1913, les Russes n’en avait plus l’expérience. Les deux premières unités de la classe Kronstadt (Le Sebastopol était son sister-ship), furent donc définies un peu comme des croiseurs super-lourds de 20 000 tonnes standard, armés de pièces de 254 mm. On pensait à l’époque que la prochaine étape après le calibre 203 mm de croiseurs lourds serait celui-ci. Ils étaient des conçus pour faire face à des croiseurs lourds, mais pas des cuirassés. Il s’agissait lors surtout de répondre aux Hipper Allemands, qui étaient eux-même bien au-delà des limites du traité de Washington.

Leur design fut révisé six mois plus tard, pour répondre cette fois aux Scharnhorst. Leur calibre passa donc à 305 mm, et le tonnage grimpa en conséquence. Mais avec 35 000 tonnes en standard, ils étaient toujours respectueux du traité, quand bien même le chef du Kremlin n’en avait cure. Ils avaient des groupes de turbines standard mais proches de celles prévues pour les cuirassés Sovietsky Soyuz, développant la puissance considérable de 230 000 cv, ce qui leur donnait une vitesse de 33 nœuds. Ils étaient pourtant rétrospectivement inférieurs aux Iowa. Leur protection était cependant relativement importante, puisqu’ils comptaient une ceinture cuirassée de 230 mm et un blindage de tourelles de 305 mm.

Mis en chantier en juillet 1939 à Marti et Nikolayevsk, ils furent tous deux suspendus l’année suivante, puis capturés à l’arrivée des troupes Allemandes. Ces derniers firent démolir la coque du Sévastopol, tandis que le Kronstadt le fut dans les années 1950.

Le Kronstadt, tel qu'il aurait dû apparaître à son achèvement en 1941

Le Kronstadt, tel qu’il aurait dû apparaître à son achèvement en 1941

Spécifications techniques

Déplacement 35 240t. standard -38 360 t. à pleine charge
Dimensions 248 m long, 31,4 m large, 9,10 m de tirant d’eau.
Machines 4 hélices, 4 turbines, 231 000 cv.
Vitesse maximale 33 nœuds
Blindage De 120 à 305 mm
Armement 9 canons de 305, 8 canons de 150, 8 canons de 100, 24 de 37, 8 ML 12,7 mm AA, 4 avions
Équipage 1 600

 

Les croiseurs de bataille de la classe Stalingrad (1952)

Informations détaillées non disponibles.

Le Stalingrad , tel qu'il aurait été en 1955

Le Stalingrad , tel qu’il aurait été en 1955

Spécifications techniques

Déplacement 36 500 t. standard -42 300 t. à pleine charge
Dimensions 278 m long, 32 m large, 9,20 m de tirant d’eau
Machines 2 hélices, 2 turbines turbo-électriques, 280 000 cv.
Vitesse maximale 35,5 nœuds
Blindage De 180 à 240 mm
Armement 9 canons de 304, 12 canons de 130, 24 canons de 45, 40 de 25 mm AA
Équipage 1 700