Roosevelt, Franklin (1882-1945), 32e président des États-Unis (1933-1945), qui fut l’initiateur du New Deal, et qui joua un rôle déterminant dans la victoire des Alliés lors de la Seconde Guerre mondiale.

Né à Hyde Park (New York), issu d’une grande famille d’origine hollandaise, il était le cousin du président Théodore Roosevelt. Après l’obtention de son diplôme à l’université Harvard en 1904, Franklin Roosevelt suivit les cours de l’École de droit de l’université de Columbia et s’inscrivit au barreau de l’État de New York en 1907. En 1905, il épousa une cousine éloignée, Eleanor Roosevelt. Élu sénateur démocrate de l’État de New York en 1910, il soutint la candidature du démocrate Woodrow Wilson à l’élection présidentielle de 1912, et fut nommé, après la victoire de ce dernier, au poste de ministre-adjoint de la Marine qu’il occupa pendant la Première Guerre mondiale. Il fut choisi comme vice-président par James Cox pour l’élection présidentielle de 1920, mais les deux hommes furent battus par le républicain Warren Harding.

Franklin Roosevelt

Franklin Roosevelt

L’année suivante, Roosevelt fut atteint de poliomyélite, mais continua à remplir ses obligations politiques. Élu gouverneur de New York en 1929, il mit en ouvre, dès le déclenchement de la crise économique de 1929, des mesures d’assistance sociale. Présenté par le parti démocrate comme candidat à l’élection présidentielle de 1932, il battit aisément le président républicain Hoover, dont l’attitude avait paru inefficace face à la crise économique.

 

Le New Deal

La promesse de Roosevelt d’une «nouvelle donne pour le peuple américain», le New Deal, annonça une extension importante du pouvoir fédéral dans la vie économique et sociale. Les trois premiers mois de sa présidence, appelés les cent jours, furent marqués par une série de mesures d’urgence. Devant le chômage massif (25% de la main-d’œuvre), l’effondrement des cours de la Bourse, la fermeture de milliers de banques et la chute des prix agricoles en dessous des coûts de production, le Congrès, à la demande de Roosevelt, vota une série de textes destinés à permettre l’octroi de liquidités aux institutions bancaires et une assistance aux chômeurs. L’abandon de l’étalon-or, en 1933, entraîna la dévaluation du dollar sur les marchés internationaux.

Outre les mesures d’assistance, comme la création du Works Progress Administration (administration de développement du travail) sous la direction de Harry Hopkins, le New Deal entreprit d’apporter des solutions de longue portée aux problèmes issus de la Première Guerre mondiale. La crise agricole, résultat de la surproduction, avait commencé en 1921 et avait entraîné l’émigration de millions d’individus vers les villes au cours des années 1920; Roosevelt y vit la cause principale de l’effondrement économique de la fin des années 1920. Il y répondit par un vaste programme de relance de l’agriculture, qui introduisit le contrôle sur la production de certains produits de base afin de créer un équilibre entre l’offre et la demande, et favorisa la reforestation. La Tennessee Valley Authority, créée en 1933, engagea un vaste plan couvrant la construction de barrages hydroélectriques, la gestion des eaux, l’amélioration des techniques agricoles et de la navigation fluviale ainsi que la construction d’hôpitaux et d’écoles. De nouvelles industries attirées par la baisse du coût de l’électricité et de la main-d’œuvre contribuèrent à la diversification de l’économie du Sud et permirent le redémarrage économique de cette partie du territoire.

Bien que Roosevelt n’eut jamais entretenu de relations étroites avec les syndicats, de nombreuses mesures du New Deal lui aliénèrent le soutien des milieux économiques. En revanche, sa politique sociale lui fit gagner l’appui des Noirs et des autres minorités, ainsi que celui des mouvements ouvriers, qui vinrent grossir les rangs du parti démocrate. La loi de relance de l’industrie (National Industrial Recovery Act ou NIRA, 1933) permit la stabilisation industrielle par le maintien des prix. La section7a de cette loi favorisant la formation de syndicats, puis l’édiction de règles strictes concernant l’émission des valeurs en Bourse suscitèrent une nouvelle fois l’opposition du monde des affaires. En 1935 et 1936, la Cour suprême des États-Unis, alors dominée par les conservateurs, attaqua les mesures clés du New Deal en déclarant que les dispositions du NIRA et de la loi d’ajustement agricole étaient contraires à la Constitution.

Après sa réélection triomphale à l’élection présidentielle de 1936, Roosevelt tenta de neutraliser la Cour en proposant la nomination de nouveaux juges, mais le Congrès s’opposa à cette tentative en 1937. Au cours des années suivantes, une coalition de conservateurs républicains et démocrates du Congrès, craignant la hausse des dépenses fédérales et cherchant à restreindre l’extension du pouvoir fédéral dans des domaines réservés par tradition aux États fédérés, cherchèrent à entraver la dynamique du New Deal. L’imminence de la guerre en Europe et l’engagement américain dans celle-ci suscitèrent un consensus qui permit à Roosevelt d’être réélu en 1940 et en 1944.

 

La Seconde Guerre mondiale

En politique étrangère, Roosevelt, qui avait soutenu Thomas Woodrow Wilson, s’adapta aux aspirations de l’électorat lorsque ce dernier se tourna vers l’isolationnisme au cours des années 1920. Puis, à la fin des années 1930, inquiet de la politique agressive d’Hitler en Europe et de l’expansionnisme japonais dans le Pacifique, Roosevelt engagea à nouveau les États-Unis dans les affaires mondiales. Il fut toutefois entravé par le fort sentiment isolationniste de son électorat et par la série de lois sur la neutralité passée par le Congrès pour empêcher tout engagement américain dans un conflit mondial. Roosevelt remporta la bataille lorsque le Congrès, alarmé par la victoire allemande sur la France en 1940, vota la loi prêt-bail pour aider la Grande-Bretagne dans sa résistance contre l’Allemagne. L’attaque japonaise sur Pearl Harbor, le 7 décembre 1941, entraîna les États-Unis dans la guerre aux côtés de la Grande-Bretagne et de l’Union soviétique.

Durant la période de guerre, Roosevelt formula un certain nombre d’objectifs diplomatiques dans une série de conférences qui réunirent les Alliés. En collaboration avec Winston Churchill, il détermina les objectifs de guerre anglo-américains, en août 1941, dans la Charte de l’Atlantique. Il manifesta son opposition aux tentatives d’extension territoriale et se montra favorable à l’application du principe d’autodétermination des peuples. À Casablanca, au Maroc, en janvier 1943, Roosevelt et Churchill s’accordèrent pour exiger ultérieurement la reddition inconditionnelle de l’Allemagne, mesure devant empêcher la reconstitution du potentiel militaire de l’ennemi. La conférence de Québec (août 1943) établit le plan de l’invasion de la Normandie. À Moscou (octobre 1943), les ministres des Affaires étrangères des puissances alliées approuvèrent le principe d’une organisation internationale chargée de la sécurité mondiale. La stratégie militaire et le problème de la situation de l’Allemagne après la guerre furent discutés à Téhéran (novembre-décembre 1943) et à Québec (septembre 1944). Enfin, à Yalta (en URSS, février 1945), où Roosevelt retrouva Churchill et Staline, il obtint l’admission de la Chine aux discussions de paix, insista sur la libéralisation du commerce international qu’il voyait comme un moyen de prévenir les guerres futures, et parvint à faire accepter la création de l’organisation des Nations unies pour maintenir la paix.