Les flux migratoires aux États-Unis pendant et à l’issue de la Seconde Guerre mondiale

Depuis toujours, les États-Unis ont été une destination privilégiée pour les migrants de tous horizons. Considéré comme terre d’accueil et de liberté, il ne cesse d’alimenter les espoirs de ces nouveaux arrivants. Les différents flux migratoires sont conditionnés autant par la situation économique dans les pays d’origine des migrants, mais aussi de la situation sociopolitique qui y prévaut. Du côté américain, c’est au niveau des lois en vigueur que sont modulés les flux depuis la Seconde Guerre mondiale à nos jours.
 

La politique migratoire américaine au fil des décennies

Depuis que Christophe Colomb a découvert les États-Unis, celui-ci a connu de nombreux flux migratoires. Les premiers arrivés sont les migrants du vieux continent en quête de nouvelles terres et de nouvelles opportunités, suivis par les chercheurs d’or lorsque le métal jaune a été découvert en Californie. Puis une autre vague de migrants arrive sur le sol américain avec les travailleurs chinois venus pour la construction des lignes de chemin de fer qui allaient relier l’Est et l’ouest du pays.

Le débarquement de ces ouvriers asiatiques n’a cependant pas suscité l’enthousiasme des colons précédents. C’est dans ce contexte que plusieurs lois d’exclusion, ou Chinese Exclusion Act, de tous les immigrés d’ethnicité chinoise, ont été adoptées. La première date de 1884, puis renforcée en 1892 par la loi Geary, puis en 1902, et en 1943, où la loi a été légèrement allégée, permettant l’entrée de 105 immigrés chinois par an.

 

L’entre-deux guerre et les restrictions migratoires aux États-Unis

Il est important de revenir à la période de l’après-Première Guerre mondiale au cours de laquelle l’immigration a été encore plus restrictive, en raison du ressentiment de l’opinion publique envers les immigrants. Si la limitation portait essentiellement sur l’immigration asiatique, celle-ci s’étend désormais à toutes personnes présentant des déficiences mentales ou des handicaps moteurs et les personnes ayant des opinions politiques divergentes. Tous ceux qui veulent obtenir l’autorisation de voyage pour les USA et entrer sur le territoire et doivent donc passer un test d’alphabétisation.

Ainsi, en plus de renforcer les lois restreignant l’entrée des asiatiques, le Barred Zone Act restreint également l’entrée de tous ceux qui sont considérés comme étant d’éventuels fauteurs de trouble sur le territoire.

 

Le système de quota

L’instauration d’un système de quota avec le Quota Emergency Act publié le 19 mai 1921 et pérennisé par la loi d’immigration Johnson Reed de 1924 est encore aujourd’hui d’actualité, les États-Unis limitant les visas accordés aux immigrants par pays, à raison de 2 % par an en tenant compte du nombre de leurs prédécesseurs déjà présents sur le territoire. L’entrée des Asiatiques reste toujours d’actualité, de même que les personnes venant d’Europe de l’Est et du Sud. L’isolationnisme américain s’est accru avant et pendant la Deuxième Guerre mondiale, mais la situation a changé à la fin de la guerre face à l’afflux des réfugiés en provenance de l’Europe.

quota immigration act

 

Le flux migratoire après la Seconde Guerre mondiale

Après la Seconde Guerre mondiale, le flux migratoire vient essentiellement d’Europe. Les premiers réfugiés, au nombre de 813, ont embarqué en Allemagne à bord de l’USS General Black et sont arrivés à New York le 30 octobre 1948. À noter qu’en 1939, un autre bateau avec des réfugiés juifs s’était vu refuser l’entrée du pays. Cette nouvelle ouverture témoigne des changements de politiques des États-Unis.

Rappelons que durant la guerre, un peu moins de 10 millions de personnes ont été déplacées vers l’Allemagne, l’Italie et l’Autriche, dans le cadre de la solution finale, ou en tant que travailleurs forcés.

En 1946 et 1947, l’Administration des Nations unies pour le secours et la reconstruction (UNRRA) s’occupe du rapatriement de ces personnes déplacées, mais certaines d’entre elles refusent de retourner dans leur pays d’origine. Il faut savoir que malgré la fin de la guerre, les sentiments et les actes antisémites n’ont pas pour autant cessé. L’Organisation internationale pour les réfugiés prend donc le relais de l’UNRRA et prend en charge la réinstallation des personnes déplacées dans un autre pays, dont les États-Unis. Celles-ci ont désormais le statut de réfugiés en quête d’une terre d’asile qui comprennent une grande majorité de Polonais, des Ukrainiens et des juifs.

L’accueil des réfugiés de l’Europe de l’Est par les États-Unis lui permet de faire un contre-pied au bloc de l’Est dans le cadre de la Guerre froide et de se dresser en protecteur des droits humains. Le Displaced Persons Act est voté par le Congrès américain en 1948. 400 000 visas sont accordés sous conditions, dont celles de ne pas prendre la place d’un Américain en termes d’emplois, et qu’il ne sera pas une charge pour l’assistance publique. Les réfugiés doivent aussi prouver qu’ils n’avaient pas pris les armes contre les États-Unis durant la guerre.

 

Les Français déplacés aux États-Unis pendant et après la Seconde Guerre mondiale

Parmi les personnes déplacées qui ont été accueillies par les États-Unis, on compte moins de 20 000 Français 1. Leur nombre précis reste peu connu à l’issue de la guerre, car il a fallu attendre les années 1980 avant que des recherches en sens ne soient entreprises. Il faut tenir compte du fait que peu d’intellectuels français ont émigré.

Ceux qui l’ont fait ne sont pas restés, n’ayant pas pu s’intégrer à la vie américaine, contrairement aux réfugiés allemands qui ont réussi à se socialiser et à trouver leurs places. Les réfugiés français ne comptaient pas rester dans leur pays d’accueil, ou intégrer la culture de leurs hôtes.

 
 
1 Extrait « Les États-Unis et les réfugiés politiques européens : des années 1930 aux années 1950 » – https://www.persee.fr/doc/mat_0769-3206_2000_num_60_1_403239