Allemagne, 1937

Croiseur lourd allemand

Les premiers croiseurs lourds de la Kriegsmarine étaient en fait des créations totalement inédites. En effet, depuis ses deux derniers croiseurs lourds Scharnhorst et Gneisenau de 1906, qui firent la gloire de l’amiral Von Spee lors de la bataille de Coronel en 1914, tous les autres étaient dits « légers », armés de pièces de 150 mm. De ce fait, on chercha à construire des versions allégées des deux croiseurs de bataille Scharnhorst et Gneisenau. Mais ceci ne fut possible que du fait de l’accord naval Anglo-Allemand de 1935, le traité de Versailles interdisant autre chose que huit croiseurs légers de moins de 8 000 tonnes. On lui accorda donc la capacité de produire des bâtiments « Washington », d’environ 15 000 tonnes et armés de pièces de 203 mm, mais pas avant 1943. On lui accorda ensuite la possibilité d’en produire cinq armés de pièces de 150 mm et ne dépassant pas 10 000 tonnes.

 

L' Admiral Hipper en 1944.

L’Admiral Hipper en 1944.

Mais alors que le dessin n’était pas définitif, la Russie annonce son intention de produire des croiseurs lourds armés de pièces de 180 mm. Le projet fut révisé rapidement et les navires mis sur cale devaient probablement dépasser les limites autorisées. La construction s’échelonna de 1935 à 1937 pour le Hipper, achevé en 1939, et de 1936 à 1939 pour le Blücher. Tous deux disposaient de systèmes de conduite de tir très perfectionnés, de radars, d’une puissante DCA, avaient un rayon d’action important pour mener une guerre de course, leurs turbines à haute pression sophistiquées leur causant quelques déboires. À leur entrée en service il s’agissait des plus puissants croiseurs du monde.

Le Hipper se distinguait au début de son jumeau par son étrave droite, reconstruite en 1942. Il fit deux sorties au début de la guerre, totalisant 60 000 tonnes de navires de commerce coulés, puis quelques autres sorties depuis la Norvège contres les convois de l’arctique jusqu’en 1945 ou il fut gravement endommagé par des bombes lourdes de la RAF à Kiel, et sabordé peu après.

Le Blücher avait un appareil moteur différent de son jumeau, mais avait une vitesse inchangée. Il participa à l’attaque de la Norvège, débarquant près d’Oslo des troupes et des hommes de la Gestapo destinés à prendre les organes de communication et de pouvoir. Il fut coulé presque à bout portant en pleine nuit dans le fjord de Dröbak par la batterie Norvégienne de 280 mm et de 150 mm d’Oscarborg, en avril 1940, et achevé par les torpilles du fort de Kaholm. Il y eut relativement peu de victimes, malgré l’eau glacée, les berges étant proches. Il serait toujours actuellement gisant à grande profondeur au milieu du fjord, une attraction pour les plongeurs.

 

Spécifications techniques

Déplacement 14 000 t. standard -18 200 t. Pleine Charge
Dimensions 205,90 m long, 21,30 m large, 7,90 m de tirant d’eau
Machines 3 hélice, 3 turbines Blohm & Voss, 12 Chaudières La Mont.132 000 cv.
Vitesse maximale 32,5 nœuds
Blindage Ceinture 85, pont 38, caissons antitorpilles 25, tourelles 160, blockhaus 152 mm
Armement 4 x 2 canons de 203, 6 x 2 de 105, 6 x 2 de 37 et 8 de 20 mm AA, 12 (4 x 3) TLT 533 mm, 2 avions
Équipage 1 600