Daladier, Édouard (1884-1970), homme politique français, président du Conseil de 1939 à 1940.
Né à Carpentras (Vaucluse), Édouard Daladier fut l’élève d’Édouard Herriot et devint professeur agrégé d’histoire-géographie. Maire de sa ville natale en 1911, il fut élu après la Première Guerre mondiale député radical-socialiste du Vaucluse. Brillant orateur, il entra, après la victoire du Cartel des gauches en 1924, au gouvernement formé par Herriot. Dès 1926 pourtant, Daladier, dirigeant l’aile gauche du parti radical, s’opposait à Herriot, jugé trop conciliant avec les modérés. Il le remplaça à la présidence du parti radical l’année suivante.
Nommé ministre de la Guerre en 1932, Daladier se spécialisa dès lors dans les questions de défense. Il allait diriger la politique militaire de la France de 1932 à 1934 puis de 1936 à 1940. Président du Conseil de janvier à octobre 1933, il fut rappelé à ce poste le 30 janvier 1934, alors que l’affaire Stavisky avait plongé le pays dans l’agitation nationaliste. Daladier, surnommé «le taureau du Vaucluse», apparaissait comme un homme fort et intègre, seul capable de s’opposer aux ligues d’extrême droite. Il pourtant dû démissionner après l’émeute du 6 février 1934, après avoir perdu le soutien du président de la République, Albert Lebrun, et celui du président du groupe radical à la Chambre des députés, Édouard Herriot.
En butte à l’hostilité conjuguée de la droite et des communistes, isolé, Daladier revint pourtant au premier plan de la scène politique, à la faveur du Front populaire. Favorable à celui-ci, lorsque Herriot se montrait plus réticent, Daladier reprit la présidence du parti radical en janvier 1936. Après la victoire du Front populaire et la formation du gouvernement de Léon Blum, au printemps, il devint vice-président du Conseil et retrouva le ministère de la Défense nationale. Toutefois, dès l’automne, il prit ses distances avec le Front populaire, conscient que la politique économique et sociale menée par le gouvernement ne satisfaisait pas la classe moyenne, principal soutien électoral des radicaux. En juin 1937, la position prise par Daladier, candidat déclaré à la succession de Blum, contribua à la chute de ce dernier.
Président du Conseil de 1938 à 1940, Daladier concrétisa la rupture des radicaux avec le Front populaire. Affirmant vouloir «remettre la France au travail», il nomma un modéré, Paul Reynaud, ministre des Finances et prit des décrets-lois aménageant les acquis sociaux obtenus dans le cadre des accords Matignon. La rupture fut plus claire encore en matière de politique extérieure. En septembre 1938, Daladier signait, avec Chamberlain, Hitler et Mussolini, les accords de Munich. Accueilli triomphalement à son retour dans la capitale française par une opinion majoritairement pacifiste, il du affronter l’hostilité des communistes, qui lui reprochaient d’avoir failli aux engagements antifascistes du Front populaire.
Pour Daladier cependant, les accords, qui maintenaient la paix en sacrifiant la Tchécoslovaquie, ne constituaient qu’un sursis devant permettre le réarmement de la France. Il opposa dès lors une attitude très ferme aux revendications territoriales de l’Allemagne nazie et de l’Italie fasciste. Après la signature du pacte germano-soviétique en août 1939, le gouvernement Daladier fit prononcer la dissolution du Parti communiste français, dont les députés allaient être arrêtés en 1940. Le 3 septembre 1939, la France déclarait la guerre à l’Allemagne.
S’il avait contribué de manière décisive à l’effort de réarmement de la France, Daladier avait manifesté une trop grande confiance envers un état-major que la «drôle de guerre» devait désavouer. Sa politique militaire, qui fera de lui, au regard de l’histoire, l’un des responsables de la défaite de 1940, fut désavouée par les députés. Daladier fut contraint à la démission le 20 mars 1940. Arrêté en septembre par le gouvernement de Vichy, il comparut, ainsi que d’autres dirigeants de la IIIe République, devant la cour de Riom en février 1942. Après la suspension du procès, Daladier fut livré aux Allemands et déporté en 1943. Après la Libération, il revint à la vie politique et fut député radical jusqu’en 1958, sans retrouver cependant de fonctions gouvernementales.