Hitler, Adolf (1889-1945)

Homme d’État allemand d’origine autrichienne. Il devint Führer (guide) et chancelier du régime nazi. Ce fut un dictateur et un chef de guerre qui fit de l’Allemagne une puissance totalitaire et conduisit l’Europe dans la Seconde Guerre mondiale. Sa politique et sa propagande furent essentiellement basées sur la xénophobie, l’antisémitisme et l’expansionnisme du peuple aryen. Il essaya d’imposer un « ordre nouveau » et amena le parti nazi à un mouvement de masse. Dans les années 1930, il annexa plusieurs territoires considérés comme germaniques. Jusqu’en 1942, il eut sous son contrôle une bonne partie de l’Europe et de l’Afrique du Nord. C’est lui également qui fut à l’origine de l’extermination méthodique de six millions de juifs et d’un grand nombre de tziganes, car il considérait ces peuples comme nuisibles et appartenant à des races inférieures.

Adolf Hitler

Adolf Hitler

Sa jeunesse

Hitler est né à Braunau am Inn, en Autriche, non loin de la frontière avec la Bavière allemande. Sa famille était de condition paysanne et son père, un petit fonctionnaire puisqu’il était douanier. Il fut orphelin à l’âge de 14 ans. Il passa sa scolarité à Linz où il fut un élève médiocre et quitta les bancs de l’école en 1905, à la suite d’une maladie, sans obtenir son baccalauréat (Abitur).

Dans tous les domaines il resta un autodidacte et un dilettante. Passionné de peinture, il rêvait de devenir un artiste et partit pour Vienne afin de se présenter à un concours de l’Académie des Beaux-Arts où il échoua par deux fois. Il resta dans la capitale de la monarchie austro-hongroise jusqu’en 1913, et vécut grâce à une pension qu’il recevait tant qu’orphelin puis ensuite de la vente substantielle de dessins et de cartes postales. Il connut pendant cinq année une vie de bohème à Vienne, il occupait ses journées à la lecture d’auteurs pangermanistes et antisémites tel que Gobineau, Vacher de Lapouge, H.S. Chamberlain mais aussi Gustave le Bon, Schopenhauer et Nietszche, sauf lorsqu’il était obligé de travailler comme peintre en bâtiment pour subsister. Se passionnant pour la politique, Hitler prit conscience que dans cet Etat multinational, il y avait des contacts permanents avec des non-Allemands notamment des Polonais, des Serbes, et des Hongrois ce qui contribua à lui faire découvrir et à intensifier sa haine des sociaux-démocrates (préférant des extrémistes comme le mouvement social-chrétien de Karl Lueger) et des juifs poussé là encore par le climat antisémite régnant à Vienne.

Il partit pour Munich en mai 1913, où il passa les meilleurs moments de sa vie d’avant guerre, il portait déjà au plus profond de lui, à 24 ans, une forte dose de haine et de ressentiment. Le 3 août 1914, à la suite de la déclaration de guerre, il s’engagea dans l’armée bavaroise où il fut un soldat dévoué et courageux. Il fut par deux fois blessé et fut décoré de la Croix de fer, mais il ne dépassa jamais le grade de caporal, car ses supérieurs n’ont qu’une confiance relative dans ses capacités au commandement. Après la défaite de l’Allemagne en 1918, il retourna à Munich, qui se trouvait sous l’agitation révolutionnaire conduite par Kurt Eisner (assassiné en février 1919). Hitler fut militaire jusqu’en 1920, il retenu l’attention de ses supérieurs (notamment le capitaine Röhm qui dirigea plus tard les sections d’assaut du parti nazi, les SA) de la Reichswehr qui le firent commissaire politique chargé de l’éducation et de la propagande, ayant pour mission de lutter contre la propagation des idées pacifistes et démocratiques au cœur de l’armée. Sur ordre de ses supérieurs, il rejoignit en 1919, le parti nationaliste des ouvriers allemands (ne comptant que quelques dizaines de membres) et en devint le tribun désigné. En février 1920, il renomma ce mouvement Parti national-socialiste des ouvriers allemands (parti nazi) et en devint le président et maître absolu (Führer) en 1921.

 

La route du pouvoir

Organisant meeting sur meeting et utilisant la terreur à l’égard de ces adversaires politiques, la terreur et l’intimidation, Hitler prit de plus en plus place dans la vie politique bavaroise. Ayant le soutien des officiels et des hommes d’affaires, il donna à son parti un programme nationaliste et démagogique, laissant ainsi une entière liberté à ses délires de haine raciale et à son mépris de la démocratie. De 1922 à 1923 le parti atteignit le chiffre de cinquante-six mille membres, et il crut possible d’entraîner avec lui ses alliés, les forces bavaroises de Kahr et de Lossov et les corps francs du général Ludendorff dans un soulèvement insurrectionnel contre la République de Weimar, utilisant pour ce faire le mécontentement provoqué par l’occupation de la Ruhr. Les 8 et 9 novembre 1923 eut lieu le putsch de Munich, au cours duquel il se proclama chancelier d’un nouveau régime autoritaire, qui connut un échec total, mais il lui permit de faire connaître son nom et surtout ses idées à toute l’Allemagne durant le procès qui suivit son arrestation. Il fut jugé responsable de ce complot et fut condamné à cinq ans de détention. Son incarcération à la forteresse de Landsberg ne dura que huit mois, c’est là qu’il écrivit le premier tome de son autobiographie-programme, Mein Kampf (mon combat) qui parut en 1925 et 1926, où il expliquait l’ordre nouveau qu’il souhaitait imposer à l’Europe.

Il fut relâché à la suite d’une amnistie générale en décembre 1924, il pu alors réorganiser son parti sans aucunes interférences des autorités de Weimar dont il avait pourtant essayé de renverser le gouvernement. Il eut malgré tout une interdiction de tenir des réunions publiques durant deux ans, mais il réussit à trouver des capitaux lui permettant de créer les SS (SchutzStaffel, en français « échelon de protection ») avec quelques fidèles (Himmler, Goebbels, Göring) et, considérant les leçons du putsch manqué de Munich, il commença la conquête du pouvoir par la voie légale. En 1929 on connut une grande crise économique, il en rendit responsable les juifs et les communistes, explication qui séduisit un bon nombre de ces compatriotes Allemands confrontés à la misère, quelques années après le traumatisme laissé par la défaite de la guerre. Profitant de l’affliction de la population et de la montée du chômage, il attira des millions d’électeurs et remporta un bon nombre d’élections (12 sièges aux élections de 1928, le NSDAP avec 7 députés au Reichstag en 1930 et 230 en juillet 1932) sur la promesse d’une Allemagne plus forte et du travail pour tous.

 

Le totalitarisme nazi

Hitler a obtenu la nationalité allemande, et il pensait que cela lui ouvrirait donc les portes du pouvoir. Il se présenta à l’élection présidentielle de 1932 contre le maréchal Von Hindenburg, président de République sortant qui emporta les suffrages avec 6 millions de voix contre Hitler au second tour. Hitler fut, après une année d’intrigues ministérielles et de pressions, nommé chancelier d’un gouvernement de coalition par Hindenburg (qui l’avait appelé le « caporal bohémien ») le 30 janvier 1933 et obtint dès le début une des principales positions du gouvernement en appelant Göring au ministère de la Défense. Une bonne partie de la classe politique le considérait comme malléable et peu crédible, il ne tarda pourtant pas à assujettir l’Allemagne au totalitarisme le plus drastique. Il connut quelques crises occasionnelles, mais il imposa sa dictature par des étapes successives : – en mars 1933 : à la suite de l’incendie du Reichstag (qu’il avait lui-même organisé), le parti communiste à été dissolu, il obtint les pleins pouvoirs pour 4 ans par un vote où seuls les sociaux-démocrates se sont abstenus. – en avril 1933 : création de la Gestapo (Geheime Staatspolizei – police secrète d’État), Hitler commença la mise en œuvre du programme d’épuration raciale qu’il avait exposé dans Mein Kampf. – en juin 1933 : une loi d’habilitation lui permit d’imposer une prestation de serment à l’administration et au pouvoir judiciaire, d’interdire les syndicats et tous les partis politiques sauf le parti nazi.

Il entreprit de nommer des gouverneurs qui étaient favorables à sa politique dans chaque Land allemand, alors qu’il réduisait les opposants au régime au silence et les envoyaient dans les camps de concentration. Au cœur de son propre parti, il réduisit les opposants en sacrifiant les SA pendant la « nuit des longs couteaux » le 30 juin 1934 pour s’assurer le soutien et la loyauté de l’armée. Toutes les activités culturelles, la presse et l’économie furent  » nazifiés », la vie et la carrière de chaque individu ne dépendant plus que de son zèle et de sa fidélité politique. En 1934, à la suite de la mort d’Hindenburg, Hitler obtint le cumul des fonctions de chancelier et de président du Reich grâce à un référendum où il recueillit 90% des voix. En économie, il mit en place une politique dirigiste dans laquelle il demanda de grands sacrifices aux Allemands en échange d’effacer les conséquences avilissantes du traité de Versailles, et il réussit à résoudre le problème du chômage en instaurant une politique de réarmement et grands travaux. Il obtint ainsi le soutien des masses, mais aussi celui de la bourgeoisie, fascinés par ses talents d’orateur et son incontestable rayonnement. Utilisant ses accès de colères frénétiques, sa démagogie et même sa folie, Hitler exerçait son magnétisme sur le peuple mais aussi sur les dirigeants nazis, des artistes, des hommes d’affaires et des interlocuteurs étrangers. Toujours en déplacement dans l’Allemagne, doté d’une excellente mémoire, et transmettant ses ordres par oral, il exerçait en maître absolu. Il a centralisé le pouvoir jusqu’à l’excès mais il a su installer un climat de suspicion au sein même de ses collaborateurs empêchant ainsi toutes tentatives d’opposition. Il réussit à utiliser le peuple allemand pour installer la domination de l’Allemagne sur l’Europe et sur le monde. Il reprochait aux différentes Églises d’être corrompues et immorales ce qui lui permit d’imposer son propre code moral. Il tourna en dérision le concept d’égalité de l’homme et déclara la supériorité de la race aryenne germanique.

Cette conception du monde et de l’ordre nouveau constitua la base de la politique extérieure de régime nazi. Selon lui, la loi de la nature voulait que les races supérieures supplantent les races inférieures et il destinait à la race aryenne la mission de civiliser le monde et de le dominer. L’État n’avait donc qu’à partir de là qu’un seul but, celui de conquérir pour son peuple les territoires nécessaires à son développement et à sa domination (l’espace vital ou Lebensraum). Il n’avait pas pour fonction de récupérer uniquement les territoires perdus lors de la Première Guerre mais aussi d’en annexer de nouveaux à l’est de l’Europe. Rauschning recueillit ses confidences entre 1932 et 1934 dans lesquelles il plaidait pour la création d’un « noyau dur comme de l’acier » de cent millions d’Allemands, au prix de la transplantation des Tchèques et d’autres populations slaves hors de chez elles. Fort de cet objectif, la création d’un empire, Hitler démarra le réarmement de l’Allemagne en 1935 ( au mépris du traité de Versailles, traité de paix de la Première Guerre Mondiale). Étant le commandant des forces armées depuis 1938, Hitler prépara minutieusement son plan d’élargissement de l »espace vital » allemand. Il remilitarisa la Rhénanie en 1936, annexa l’Autriche en 1938. En s’appuyant sur la minorité allemande des Sudètes, il négocia le démembrement de la Tchécoslovaquie à la conférence de Munich (septembre 1938) avant d’envahir le reste du pays quelques mois plus tard. Les démocraties, passives, s’inclinèrent devant les coups de force de Hitler, pensant préserver la paix. Hitler utilisa également le fonctionnement de ses matériels militaires en donnant son aide aux putschistes de Franco au cours de la guerre civile espagnole (1936-1939)

 

La Seconde Guerre mondiale

Hitler comprit que ses multiples annexions allait le conduire à un nouveau conflit, il se prépara donc à cette lutte qui selon lui ne pouvait que renforcer la puissance de l’Allemagne. Tout d’abord il commença par neutraliser l’URSS en signant un pacte prévoyant le partage de la Pologne (en août 1939) entre les deux grandes puissances. L’Allemagne nazie envahit la Pologne en septembre 1939 ce qui entraîna l’entrée en guerre de la France et de la Grande-Bretagne. Les Français et les Britanniques restèrent campés sur leur ligne de défense (ligne Maginot pour la France) et n’engagèrent pas le combat, attentifs et surpris de la évolution que prenait cette « drôle de guerre ». Quelques mois plus tard, dès le printemps 1940, les forces hitlériennes envahirent le Danemark, la Norvège puis les Pays-Bas, et enfin la Belgique et la France en contournant la ligne bleue des Vosges par les Ardennes. Les Anglais ne connurent pas l’occupation nazie grâce à l’efficacité de la Royal Air Force (RAF) face aux attaques de la Luftwaffe. Hitler mis en place en Europe son « ordre nouveau » qui devait favoriser la race germanique par la collaboration politique des vaincus, les réorganisations territoriales (récupération de l’Alsace-Lorraine), le pillage économique et artistique, et l’extermination des éléments jugés indésirables (communistes, juifs soumis à un plan d’extermination baptisé la « solution finale » et décidé en 1942).

Sa haine des communistes et des juifs le poussa à se retourner contre L’URSS. Il commença par assujettir la péninsule balkanique pour protéger ses flans. Il envahit ensuite l’URSS en juin 1941 et amena ses troupes aux portes de Moscou, mais les Russes résistèrent à partir de décembre et provoquèrent le début de l’enlisement allemand sur le front au début de l’hiver. En 1942, l’équilibre des forces commença à se rompre au profit des Alliés, Hitler dont le sentiment d’infaillibilité s’était accru grâce aux victoires allemandes, s’obstina sur des objectifs inaccessibles, comme à Stalingrad où il accumula des erreurs de stratégie. Les États-Unis entrèrent dans le conflit à la suite du bombardement de la base de Pearl Harbor par les Japonais. Alors que son mental se dégradait, Hitler comprit qu’il ne gagnerait pas la guerre, mais il lança l’Allemagne dans un combat à corps perdu sur le front russe, espérant ainsi gagner du temps dans l’attente d’une nouvelle arme (bombe atomique) pouvant lui redonner l’avantage. Des millions de juifs furent emmenés par convoi ferroviaire vers les camps de la mort. Hitler échappa à plusieurs tentatives d’attentats mis en œuvre par ses plus proches collaborateurs, qu’il élimina inexorablement (Ludwig Beck, Wilhelm Canaris, Claus Von Stauffenberg).

Dans les derniers mois de la guerre, il précipita l’Allemagne toute entière dans les combats, réquisitionnant vieillards et adolescents pour les envoyer au front, ce sont les Volkssturm. A compter du mois de novembre 1944, il trouva refuge dans le bunker souterrain de la chancellerie de Berlin. C’est de là qu’il dirigea les ultimes opérations militaires sur le Rhin et dans la Rhur et qu’il attendit l’arrivée des troupes alliées. Le 30 avril 1945, alors les Russes progressaient dans Berlin en ruine, Hitler se suicida d’une balle dans la bouche (ou dans la tempe) en compagnie de sa compagne, Eva Braun, qu’il venait d’épouser la veille, après avoir désigné comme successeur Goebbels puis l’amiral Dönitz. Le 8 mai 1945, les Allemands signèrent la capitulation sans conditions du IIIe Reich.

 

Conséquences

Les Allemands ne semblèrent pas affectés par la mort d’Hitler. À l’exception de quelques moments de liesses au moment des victoires populaires, la guerre ne fut jamais populaire en Allemagne, car les combats avaient demandés d’énormes sacrifices et seule l’URSS paya d’un plus grand nombre de morts son engagement dans la Seconde Guerre mondiale. Les Allemands avaient le sentiment qu’on leur avait menti et qu’on les avait trompés, et beaucoup d’entre eux dirent avoir ignoré le génocide des juifs et l’ampleur des massacres de civils sur le front de l’Est. Leurs relations avec le dictateur reposaient sur un leurre, une manipulation consciente de la part d’Hitler et une illusion de la part du peuple. Pendant des années, Hitler s’était approprié les rêves de revanche et de grandeur des Autrichiens, il avait promis de laver l’affront de 1918 et de rendre à l’Allemagne sa place dans le concert des nations européennes.

Hitler avait sorti l’Allemagne de sa détresse politique, économique et morale, mais pour lui et les siens c’était seulement un point de départ pour la nouvelle nation allemande (lire : la transformation allemande, comment l’Allemagne est-elle devenue nazie). Hitler n’était pas seulement le produit de la défaite de 1918, et de la crise du capitalisme des années 1930, il fut le résultat de convulsions et de frustrations d’un peuple en mal d’intégration européenne. Il a laissé son empreinte dans la société et la culture politique du IIIe Reich. Portée jusqu’à son paroxysme, l’idéologie pangermaniste a provoqué un débordement dont l’histoire de l’humanité n’a connu que peu d’équivalents.