Nagano, Osami (1880-1947)

Né à Kochi le 15 juin 1880 et originaire d’une illustre famille de Samourai, Nagano s’oriente vers la Marine et entre à l’Ecole navale d’où il en sortira 28ème de sa promotion. Le 13 décembre 1900, il est affecté au destroyer Hashidate, puis sur l’Asahi le 22 août 1901 et l’Asama le 14 mars 1902. Il ne participe pas à la guerre russo-japonaise, ce qui ne l’empêche nullement d’accomplir une brillante carrière au sein de la Marine impériale. En 1913, il étudie le Droit à la très réputée Université américaine de Harvard.

Elevé au grade de commandant le 22 décembre 1914 et de retour au Japon en 1915, il se retrouve affecté au croiseur Nisshin, puis sur le Hiwate et, en 1919, en tant que capitaine de vaisseau, sur le Hirato.

Osami Nagano

Osami Nagano

Aidé par ses relations familiales, Nagano entre au Ministère de la Marine. De 1920 à 1923, on le retrouve attaché naval de l’ambassade japonaise à Washington et y participe à l’élaboration du traité de 1922 sur le désarmement naval. Nagano revient au Japon en novembre 1923, pour y apprendre, le 01 décembre, qu’il est promu au grade de contre-amiral. Il dirige alors la Flotte du Yan-Tse-Kiang. Le 01 février 1927, on lui confie le commandement de l’escadre d’instruction, avec laquelle il se rend à New York – ville qu’il considère comme son deuxième foyer. Le 01 décembre de la même année, il est fait vice-amiral.

Sa carrière ne semble pas connaître de limites. Directeur de l’Ecole navale (10 décembre 1928), Nagano devient ensuite adjoint du chef de l’état-major maritime et assistant du directeur du Bureau d’instruction. Il représente le Japon lors de la conférence de Genève sur le désarmement en 1931 : Nagano reste un excellent expert naval doublé d’un parfait connaisseur des États-Unis.

Le 15 novembre 1933, notre homme est nommé commandant en chef de l’Amirauté de Yokosuka, et membre du conseil des amiraux – en 1935, il entrera au Conseil supérieur de la Guerre. Après la conférence de Genève, il représente à nouveau l’Empire pour les négociations devant aboutir au traité de Londres sur le désarmement naval, en 1935. Il refuse de réduire le nombre de bâtiments de la Marine impériale, comme le souhaitent les Anglais et les Américains, condition sine qua non au désarmement. Il quitte la conférence en ayant ces mots inquiétants : « le Japon reprend sa liberté d’action ».

C’est ainsi que Yamamoto peut constituer sa flotte de porte-avions, alors que plusieurs cuirassés sont mis en chantier. Ce rôle de Nagano dans l’intensification du réarmement naval nippon lui coûtera cher, puisqu’il lui vaudra, des années plus tard, une inculpation pour crime contre la paix devant le Tribunal militaire international pour l’Extrême-Orient, chargé de juger les criminels de guerre japonais.

Nagano se lance dans la politique. Le 09 mars 1936, il devient ministre de la Marine dans le Cabinet Hirota et le 02 février 1937, consécration : l’amiral prend le commandement de la Flotte combinée. Et le 09 avril 1941, il succède à l’amiral Fushimi à la tête de l’état-major naval.

« Ce n’était pas le genre d’homme à mener une nation en guerre », dira de lui l’un de ses adjoints. Bien que sceptique devant les chances de victoire du Japon contre les États-Unis d’Amérique, il se laissera progressivement convaincre par les bellicistes, et particulièrement par Yamamoto. Quoique ce dernier ne soit pas partisan d’une guerre, il se montre extrêmement persuasif dans la présentation de son plan d’attaque de Pearl Harbor. Nagano, en dépit de sa haute position, estime, en tout état de cause, qu’il n’a pas les moyens de s’opposer au cours des choses. Officier compétent, agréable, d’une grande courtoisie, il finit par se laisser emporter par le fatalisme, comme bien d’autres de ses collègues de la Marine. Au mois d’octobre, il a définitivement fait son choix : la guerre ne peut être évitée. Il ne fera rien pour l’en empêcher.

La guerre éclate. Excellent organisateur, Nagano dirige la stratégie navale de l’Empire. À l’issue des éblouissantes victoires de l’armée japonaise sur tous les fronts, il serait d’avis d’engager le gros de la Flotte dans les îles Salomons, Fidji, Samoa et la Nouvelle-Calédonie, afin d’isoler l’Australie du reste du « monde libre ». Yamamoto, toutefois, parvient à imposer ses vues : l’offensive sera effectuée contre Midway, plus au nord, ce pour s’emparer d’une base menaçant les Hawaii et pour anéantir les survivants de l’US Pacific Fleet. On sait ce qu’il adviendra.

La Marine impériale s’engage dès lors dans une succession de défaites qui dévorent les hommes et le matériel. Nagano reconnaîtra après la guerre : « Je considère les affrontements de Guadalcanal et de Tulagi comme les tournants de cette guerre, nous obligeant à passer de l’offensive à la défensive, notre incapacité à augmenter nos forces à la même vitesse [que les Américains] étant la cause majeure de notre recul ».

Nagano démissionne le 21 février 1944, suite au raid américain sur la base navale de Truk, raid au cours duquel 275 appareils nippons sont détruits, ainsi que 200.000 tonnes de navires auxiliaires – la Flotte combinée ayant réussi à s’échapper à temps. Nagano ne jouera désormais plus aucun rôle dans le cours des événements, assistant impuissant aux derniers soubresauts d’un Empire à l’agonie.

Le Japon capitule le 15 août 1945. Les Américains débarquement moins de deux semaines plus tard, suivis d’une équipe de recherche des criminels de guerre. Nagano est arrêté en mars 1946. Il doit répondre, devant le Tribunal militaire international pour l’Extrême-Orient, de trois chefs d’accusation : crimes contre la paix, violation des usages et conventions internationales, crimes contre l’humanité. Il ne sera pas là pour assister au verdict : il meurt en prison le 05 janvier 1947, à l’âge de 66 ans.

 

Source : http://www.1939-45.org/