Allemagne
Dates : 7 – 31 mars 1945.
Les Alliés venaient de remporter la terrible bataille des Ardennes, ils leur fallait maintenant pénétrer en Allemagne. Leur objectif était d’établir des têtes de ponts sur le Rhin afin de pouvoir accéder à la Ruhr (principale région industrielle allemande). On retrouvait du côté allié, sous les ordres du commandant en chef Dwight D. Eisenhower, les VIe, XIIe et XXIe groupes d’armées américains. Les troupes allemandes, sous les ordres de Gerd von Rundstedt (plus tard remplacé par le maréchal Kesselring), étaient composées des groupes d’armées H, B et G. De violents combats eurent lieu du 8 février au 9 mars 1945 dans le Reichswald, mais les Alliés se rapprochaient de plus en plus du Rhin.
La bataille s’annonçait ardue, car les Allemands n’avaient pas l’intention de laisser les Alliés rentrer en Allemagne sans payer le prix fort. Aussi la plupart des ponts sur le Rhin furent détruits, ce qui empêchait les Alliés de pouvoir le franchir. Cependant, le lieutenant Carl Timmermann (à la tête du 27e bataillon d’infanterie blindée de la Ière armée américaine) découvrit que le pont ferroviaire de Remagen n’avait pas été détruit. Les Alliés apprirent plus tard que Hitler en avait pourtant donné l’ordre. Le 27e bataillon reçut l’ordre de s’en emparer coûte que coûte.
Au moment où le bataillon atteignit le pont, celui-ci était près à sauter, chaque pilier truffé de dynamite qui ne fut pas mise à feu pour des raisons administratives (le commandant de la garnison allemande ne pouvait le faire sauter sans un ordre écrit, ordre qui n’était pas arrivé pur des motifs inconnus). Les artificier américains durent retirer toutes ces charges et l’unité de Timmerman franchit le Rhin. Cette action lui valut 13 Distinguished Service Cross et une citation du président Roosevelt. Eisenhower, quant à lui, ordonna à Bradley d’envoyer 5 divisions pour soutenir le 27e bataillon. Quand la nouvelle parvint aux oreilles de Hitler, celui-ci révoqua von Rundstedt et nomma Kesselring à sa place. Cela le mit dans un tel état de rage qu’il fit fusiller 4 officiers.
La prise de ce pont confirmait l’imminente invasion de l’Allemagne, pas tant au niveau militaire (le pont s’effondra le 17 mars, tuant 28 sapeurs américains et en blessant 93 autres alors qu’ils travaillaient sur le pont) qu’au niveau moral : les soldats alliés y voyaient le début de la fin de cette horrible guerre et les Allemands le début de la fin de leur pays. Après la prise du pont de Boppard par la IIIe armée du général Patton, une vaste opération d’invasion fut lancée. Les troupes britanniques franchirent le Rhin successivement à Bonn, à Mayence puis à Duisburg.
Le VIe groupe d’armée américain du général Devers prit position près de Strasbourg, prise par les troupes du général français de Lattre de Tassigny. Ses troupes franchirent le fleuve à Spire et à Germersheim, puis se rabattirent sur le Palatinat et la Forêt-Noire (jusqu’au bord du lac de Constance). Les Britanniques avançaient également en Allemagne, où le XXIe groupe d’armées du général Montgomery progressait à travers le nord du pays et arriva sur la Weser le 4 avril. La 2e DB du général Leclerc prit le « Nid d’Aigle » du Führer, près de Berchtesgaden, le 4 mai 1945, malgré la volonté des Américains d’y être avant elle.
Le VIe groupe d’armée du général Bradley repoussa les troupes du général Hausser et progressa jusqu’en Franconie et en Bavière. Remagen avait sonné le début de l’invasion alliée en Allemagne. Après ça, le front occidental s’écroula en l’espace de quelques semaines.
L’infiltration de l’Allemagne coûta aux Américains 6 570 hommes (blessés, tués et prisonniers), aux Anglo-canadiens 15 628 (blessés, tués et prisonniers), et aux Allemands 90 000 tués et blessés (et 259 000 prisonniers).