Jean-Marie de Lattre de Tassigny, (1889-1952)

Maréchal de France, qui apporta une contribution décisive à la victoire des troupes alliées lors de la Seconde Guerre mondiale, et, à ce titre, fut l’un des signataires de la capitulation avec l’état-major allemand en 1945.

Jean-Marie de Lattre de Tassigny

Jean-Marie de Lattre de Tassigny

Un brillant officier

Né à Mouilleron-en-Pareds (Vendée), issu d’une vieille famille bourgeoise, Jean-Marie Gabriel de Lattre choisit la cavalerie à la sortie de l’École militaire de Saint-Cyr en 1908 et, après l’école d’application de Saumur, intégra un régiment de dragons. Versé à sa demande dans l’infanterie en 1915, un an après le déclenchement de la Première Guerre mondiale, quatre fois blessé, il termina la guerre comme capitaine, après avoir gagné huit citations au combat.

Volontaire en 1925 pour servir au Maroc, durant la guerre du Rif, il fut grièvement blessé et dut regagner la métropole l’année suivante. Admis en 1927 à l’École supérieure de guerre, dont il sortit major, il fut affecté en 1931 à l’état-major du général Weygand, puis resta jusqu’en 1935 sous les ordres de son successeur, le général Georges.

Nommé colonel, il commanda, de 1935 à 1937, le 5e régiment d’infanterie, basé à Metz, où il put mettre en pratique une conception très humaine du commandement, attentif au lien nécessaire entre l’armée et la nation, largement inspirée par les théories de Lyautey sur le rôle social de l’officier. Élève du Centre des hautes études militaires, puis chef d’état-major du général Hering, gouverneur militaire de Strasbourg, il était en 1939 le plus jeune général de l’armée française.

Chef d’état-major de la Ve armée en Alsace, il combattit en 1940, lors de la guerre éclair de mai-juin, à la tête de la 14e division d’infanterie, et opposa une résistance acharnée à la Wehrmacht, dans l’Aisne et les Ardennes. Nommé commandant militaire du Puy-de-Dôme, puis placé à la tête de la XIIIe région militaire après l’armistice, il fonda plusieurs écoles de cadres, dans la lignée du programme de régénération de la jeunesse prôné par la révolution nationale qu’appelait de ses vœux le maréchal Pétain.

 

Le tournant de 1942

Nommé en 1941 commandant des troupes de Tunisie, où il s’employa à remettre en état le dispositif de défense à la frontière libyenne, il revint en France en janvier 1942 et prit le commandement de la 16e division militaire à Montpellier. Cependant, l’invasion de la zone libre par les troupes allemandes, en novembre de la même année, et les consignes de passivité données par le gouvernement à l’armée d’armistice déterminèrent sa rupture avec le régime.

Ayant tenté de résister, il fut arrêté et condamné à dix années d’emprisonnement pour trahison. Transféré en février 1943 à Riom, il s’échappa en septembre et gagna Londres, puis Alger.

 

À la tête de la Ire armée

Chargé par le général Giraud du commandement de l’armée B (qui devait recevoir en septembre 1944 le nom de Ire armée française), il prépara le débarquement de Provence, au sein de l’état-major franco-américain, placé sous les ordres du général Patch. Après la prise de l’île d’Elbe (du 17 au 20 juin), de Lattre débarqua en Provence le 17 août 1944. Après Arles, Toulon et Marseille, l’armée B remonta vers le Rhône, jusqu’à Lyon (3 septembre), puis gagna la Saône et le Jura. Atteignant les Vosges, puis le Rhin, mais buttant sur la poche de Colmar. La Ire armée pénétra en Allemagne en février 1945 où sa course, qui fut arrêtée par la capitulation allemande, la mena jusqu’au Tyrol. La glorieuse épopée de l’armée « Rhin et Danube » fut cependant lourde en pertes humaines, puisqu’elle se solda par 14 000 tués et plus de 40 000 blessés.

Chargé de signer l’acte de capitulation sans condition de l’Allemagne, le 8 mai 1945, de Lattre fut ensuite nommé commandant en chef de l’armée d’occupation française en Allemagne. À la tête des forces terrestres de l’Union occidentale en 1948, il prit en 1951 le commandement des forces françaises en Indochine et parvint, en un mois, à rétablir le moral du corps expéditionnaire français tout en arrêtant la progression des troupes du Viêt-minh.

Malade, très affecté par la mort de son fils Bernard, tombé à l’ennemi au mois de mai, il du être rapatrié en France en novembre 1951. Après sa mort, survenue en janvier 1952, il fut élevé à titre posthume à la dignité de maréchal de France.