Egypte-Libye

Ayant eu l’intention de lancer une offensive en direction de la Tripolitaine, le général britannique Auchinleck comptait se servir de la ligne fortifiée de Gazala comme appui, mais le général Rommel contourna ses positions et s’ouvrit la route vers Tobrouk et le reste de l’Égypte.

Les objectifs et les forces en présence

L’objectif de Rommel était d’atteindre Le Caire. La VIIIe armée britannique, elle, devait en premier lieu stopper les forces de l’Axe (ce qui donna lieu à une première bataille) pour ensuite les expulser d’Afrique du Nord (deuxième bataille). Rommel, chef de l’Afrikakorps, était lui-même subordonné au commandant en chef des forces de l’Axe en Afrique : le maréchal Cavallero.

Artilleurs britanniques en train de faire feu

Artilleurs britanniques en train de faire feu

Il y eut en tout et pour tout deux batailles, qui opposèrent la VIIIe armée britannique et l’Afrikakorps susnommés. Lors de la première les troupes britanniques étaient dirigées par le général Auchinleck et comptaient 35 000 hommes et 160 chars qui durent affronter la Panzerarmee ainsi que les 10e, 20e et 21e CA italiens, soit une force de 20 000 hommes et 90 chars. Pendant la seconde bataille, le général Montgomery prit le contrôle de la VIIIe armée, qui comptait désormais 200 000 hommes et 1 029 chars, pour affronter les forces italo-allemandes elles-mêmes portées à 104 000 hommes et 489 chars.

Carte de l'avance de Rommel

Carte de l’avance de Rommel

La première bataille

Le 30 juin 1942, la ville d’El-Alamein (à 100 km à l’ouest d’Alexandrie) vit renter en ses murs les Panzerdivisionen du général Rommel (qui attendait le reste de l’Afrikakorps et les divisions italiennes). L’armée britannique voulait défendre Le Caire, elle forma donc une ligne de défense de 65 km qui partait de la Méditerranée.

Cette ligne avait quatre zones fortifiées : la crête de Ruweiset, défendue par la IXee division d’infanterie australienne et par la 1ère division d’infanterie nord-africaine du général Norrie. Le flanc du désert (jusqu’à Qattara) était défendu par le général Gott et son XeIIIe CA (corps d’armée) qui comptait une DI (division d’infanterie) néo-zélandaise et les 1ère et 7e DB (divisions blindées) britanniques. Le 1er juillet, 6 500 hommes et 90 chars de l’Afrikakorps foncèrent sur la ligne de défense britannique entre les crêtes de Ruweiset et de Miteirya. Le but de cette attaque était de percer le front ennemi afin de se diriger vers le nord pour prendre les défenseurs d’El-Alamein à revers. Mais l’offensive fut stoppée par les forces britanniques situées à Deir el Shein (Rommel ignorait l’existence de ces troupes).

Carte de la seconde bataille d'El Alamein

Carte de la seconde bataille d’El Alamein

Le lendemain, les troupes allemandes prirent Deir el Shein mais ne purent effectuer la percée prévue au départ par Rommel. Le même jours, Rommel lança 40 chars contre les lignes britanniques mais fut repoussé, il en fut de même le lendemain lorsqu’il envoya la division italienne Ariete et 26 chars. Entre le 5 et le 22 juillet, Auchinleck lança une série d’offensive sur les lignes allemandes, ce qui réduisit le nombre de chars dont il disposait de 99 à 15. Cette bataille prit fin le 27 juillet 1942 sans qu’elle soit réellement gagnée ni perdue par qui que ce soit. Les deux armées fortifièrent leurs positions en posant des barbelés, en creusant des tranchées, en fabriquant des casemates et, bien évidemment, en enterrant un grand nombre de mines anti-chars.

Convoi britannique

Convoi britannique

Churchill se rendit en Égypte ou il décida de remplacer Auchinleck par le général Alexander et de confier le commandement de la VIIIe armée au général Montgomery. Celui-ci exigea que ses troupes puissent prendre du repos, soient renforcées et réarmées, les délais que ces revendications imposèrent menèrent à la bataille d’Alam Halfa.

Montgomery pouvait compter désormais sur 700 chars, parmi lesquels 160 chars Grant. Rommel, quant à lui, disposait de 2 DB italiennes (qui avaient 240 chars obsolètes) et de 2 Panzerdivisionen, soit 200 chars dont une centaine de Panzer III et IV. Rommel ne pouvait attaquer El-Alamein que par le sud, il voulait ensuite effectuer une progression de 50 km vers l’est afin d’y attirer les blindés anglais pour les y encercler et, finalement, les détruire. L’attaque fut déclenchée le 30 août 1942, cependant les champs de mines britanniques et les assauts de la RAF ralentirent considérablement l’avance allemande, les troupes de l’Afrikakorps bifurquèrent donc vers le nord. Le 31 août, Rommel réalisa que cette attaque avait échouée, il ordonna donc le repli de ses troupes. Il s’arrêta le 6 septembre sur un plateau situé à 10 km de son point de départ. La première bataille était terminée.

Artilleurs britanniques rechargeant leur canon

Artilleurs britanniques rechargeant leur canon

 

La deuxième bataille

Montgomery donna 7 semaines à la VIIIe armée pour se préparer à l’offensive finale. Tout était planifié, cette attaque devait même coordonner (à quelques jours près) au débarquement imminent en Algérie (« Opération Torch »), elle fut baptisée « Opération Lightfoot (Pied Léger) », et fut déclenchée le 23 octobre. Les deux armées s’étaient renforcées : Rommel disposait de 104 000 hommes (dont 27 000 Allemands), 489 chars (dont seulement 38 Panzer IV), 750 canons antichars (dont 86 de 88 mm), 470 pièces d’artillerie et 350 avions.

Le général Montgomery à El Alamein

Le général Montgomery à El Alamein

Montgomery avait une force de 200 000 hommes, 1 029 chars (dont 252 nouveaux Shermans) 1 400 canons antichars, 1 200 pièces d’artillerie et 750 appareils. Montgomery pouvait également faire appel aux 1 000 chars et 1 500 avions stationnés en Égypte. La Royal Navy coulait les 2/3 des pétroliers et navires de transports allemands qui faisaient route vers l’Afrique du Nord, Rommel manquait donc de carburant, de munitions et de médicaments pour ses troupes touchées par la malaria et la dysenterie.

Rommel avait établi un front de 56 km de long et de 12 km de profondeur. Celui-ci était défendu au sud par le Xee CA italien (soit trois DI et une divisions de parachutistes en première ligne et la DB Ariete en réserve). Le nord était défendu par le XeXeIe CA, avec deux DI italiennes et une allemande, puis en retrait par la DB italienne Littorio et la 90e DB allemande. Quand à lui, Montgomery avait placé au nord le XeXeXee CA (cinq DI et deux DB) et au sud le XeIIIe CA (2 DI, la VIIe DB, deux brigades, dont la Ière brigade des FFL). Il voulait lancer des opérations de diversion au sud (pour y attirer la XeXeIe Panzer) et, pendant ce temps, envoyer le gros de ses troupes au nord afin de prendre sous leur feu les contre-attaques allemandes.

Canon britannique en action

Canon britannique en action

Le 23 octobre à 21h40, l’offensive fut lancée. Au sud, le XeIIIe corps réussit sa diversion mais fut stoppé le 25. Au nord, les chars des deux DB du Xee CB (corps blindé) ne réussirent pas à prendre les crêtes de Kidney et de Miteirya. Le général allemand mourut d’un arrêt cardiaque le 24, certains officiers allemands virent ça comme un signe de la défaite imminente. Rommel (qui se trouvait à Berlin) envoya toutes ses réserves et lança une série de contre-attaques avec la DB italienne Littorio et la XeVe Panzer. Le 27, les Britanniques n’étaient parvenus ni à effectuer leur percée, ni à atteindre leurs objectifs. Le 28, Montgomery modifia sa stratégie et remplaça le Xee CB par les VIIe DB et IIe DI néo-zélandaise.

Troupes britanniques

Troupes britanniques

Le 1er novembre, Rommel ne disposait plus que de 320 chars, alors que Montgomery en avait encore 800, et ceux des Britanniques ne manquaient pas de carburant. Le 2 novembre à 1h du matin fut déclenchée l’« Opération Supercharge » (menée par la 2e DI et suivie par les blindés), les troupes britanniques avaient reçu l’ordre de « passer à tout prix ». La situation était désespérée pour l’armée allemande, Rommel demanda donc à Hitler l’autorisation de retirer ses troupes, mais celui-ci refusa.

Artillerie britannique lors d'un tir de barrage

Artillerie britannique lors d’un tir de barrage.

Le 4 novembre, la percée fut réussie par la 51e DI britannique et les blindés de la 7e DB passèrent par la brèche dans les défenses allemandes. La DB Ariete fut anéantie et les divisions italiennes durent capituler. Rommel fit reculer ses formation blindées et motorisées qui ne dénombraient plus que 35 chars. Ces deux batailles coûtèrent aux Britanniques 26 000 hommes et aux Allemands 81 800 (dont 7 000 prisonniers).

 

Cartes : Montagnon Pierre. La grande histoire de la Seconde Guerre mondiale, Paris, Pygmalion, 1999, tome 1