Rommel, Erwin (1891-1944)
Né à Heidenheim, Rommel était issu d’une famille de classe moyenne sans tradition militaire. Il rejoint l’armée en 1910 et la Première Guerre mondiale lui permit de s’illustrer très tôt comme un homme de talent et de valeur. Démontrant un grand leadership et une grande qualité de tacticien, il reçut la décoration « Pour le Mérite », la plus haute décoration prussienne. Sa campagne dans les Alpes contre l’armée italienne figure dans bon nombre de manuels militaires, et pas seulement allemands. Il termina la guerre avec le grade de capitaine.
Fort de son expérience sur le front, Rommel publia en 1937 le livre « Infanterie greift an » (L’infanterie attaque), ce qui le fit remarquer en haut lieu, notamment par Hitler lui-même qui lui donna la responsabilité de son unité de sécurité. Au début de la guerre, il commanda une division Panzer et prônait l’attaque rapide et l’effet de surprise. Il était également passé maître dans l’art de coordonner plusieurs attaques, particulièrement entre les différentes armes. La campagne de France lui permit de démontrer l’efficacité de ses méthodes.
En janvier 1941, Hitler le chargea de prendre en charge l’Afrika Korps, afin d’aller aider son allié italien en péril dans la Cyrénaique. Rommel – qui gagnera là-bas le surnom de « Renard du désert » – arriva à Tripoli le 12 février 1941, le changement fut brutal, surtout pour les Anglais. La guerre du désert changea totalement de forme, les forces de l’Axe étant passées d’une armée aux tactiques arriérées et à l’organisation digne des armées du XVIIIe siècle (notamment au niveau du rapport soldat-officier) à une armée moderne, organisée et surtout, extrêmement rapide. L’armée anglaise, menée avec des tactiques du début du siècle, eut beaucoup de mal à s’adapter à ce changement et subit de lourds revers.
Rommel fut promu Generalleutnant en juillet 1941 et commandait maintenant le Panzer Group Afrika, formé de troupes italiennes et allemandes. Les troupes anglaises recevaient plus de ravitaillement que celles de l’Axe (grâce à l’aide américaine) et avaient un avantage numérique assez marqué. Rommel, quant à lui, plaidait toujours sa cause auprès du Führer pour obtenir des renforts, ce dernier ne lui ocroyait jamais, ne pensant qu’au front de l’Est. Malgré cela, Rommel connu de grandes victoires jusqu’en octobre 1942, quand le général Montgomery lança la Seconde bataille d’El Alamein (il connut également un repli temporaire en juin 1941, lors de l’opération Crusader).
Même lors d’une défaite, Rommel savait organiser sa retraite pour que son armée subisse le moins de pertes possible tout en en infligeant un maximum à l’ennemi. Les combats se pérpétuèrent contre les Alliés, débarqués en Afrique du Nord en novembre 1942. Après, Rommel dut affronter une armée alliée de plus en plus puissante et du quitter l’Afrique le 9 mars 1943, il était alors très malade (Rommel s’impliquait entièrement dans la gestion de son armée).
D’abord désigné pour commander une éventuelle troupe d’occupation du nord de l’Italie, il fini par recevoir la charge du Mur de l’Atlantique. Il augmenta considérablement les défenses allemandes des côtes. Lors du succès de l’invasion alliée de juin 1944, Rommel fut persuadé que la défaite était inévitable et perdit sa foi en Hitler.
Gravement blessé par une attaque aérienne le 17 juillet 1944, il fut ensuite inculpé d’avoir conspiré avec les responsables de l’attentat contre Hitler du 20 juillet. Il fut enjoint de se suicider ou d’affronter la « Cour du Peuple », en plus de voir sa famille mise en prison. Il préféra le suicide et reçu des funérailles nationales, il était alors Generalfeldmarschall.
On retient deux choses de Rommel : son talent pour la guerre et sa manière de la mener. Grand tacticien, il savait parfaitement exploiter les ressources à sa disposition et combiner des attaques entre elles (ce que les Britanniques ne firent correctement qu’à partir de la fin 1942). En plus de cela, il respecta entièrement la Convention de Genève lors de toutes ses campagnes, en particulier en Afrique du Nord. Ce front avait d’ailleurs la particularité d’être le seul où elles étaient pleinement respectées… Rommel était un militaire, rien de plus, rien de moins. Il faisait la guerre, mais la faisait sans haine ni mépris.